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L'état de la dette extérieure de la Tunisie, qui a dépassé le seuil limite de 50% du PIB, et notamment de celle vis-à-vis de l'Union européenne (UE) et de ses États membres alimente des craintes légitimes à Tunis.

Par Fathi B'Chir*

La dette extérieure tunisienne, surtout vis-à-vis, de l'Union européenne (UE), fait débat à Tunis. Le sujet tend à prendre de l'ampleur depuis le récent discours du Premier ministre, Mehdi Jomâa, qui a fait valoir l'incapacité de l'État à répondre à une demande sociale pressante.

«Alors que le budget de l'État affiche un gouffre financier, pas un mot n'est prononcé sur l'audit de la dette», écrit un journal de la place, rendant compte de ce sujet devenu politiquement sensible.

Des économistes et partis politiques tunisiens s'inquiétaient déjà, depuis le déclenchement de la «révolution» de janvier 2011, de l'état de la dette de la Tunisie vis-à-vis de l'UE et de ses États membres, crainte relayée au Parlement européen par l'eurodéputée Eva Joly (EELV, française). L'octroi récent d'un appui financier de 300 millions d'euros, non pas – comme d'usage – sous forme de don, mais de prêt (aux conditions non précisées) ajoute à cette crainte.

Un collectif ''Auditons les créances européennes envers la Tunisie'' vient d'être créé à Tunis. Il se donne pour mission de livrer un état exact de cette dette de plus en plus politiquement décriée. Pour ce collectif de type société civile, «l'audit de la dette permet de mettre en exergue la schizophrénie et la duplicité» qui ont cours parmi des partenaires qui «d'une main soutiennent la démocratie en Tunisie et de l'autre la fragilisent».

Le collectif signale que «le service de la dette est le premier poste du budget en Tunisie (et) constitue un frein au développement». Il entend se doter d'un «outil citoyen puissant permettant de démêler des mécanismes aussi subtils que des prêts non productifs et, donc, non remboursables» qui prendraient la forme de «dettes illégitimes».

Un universitaire, Mustapha Stambouli, affirme en commentaire que «la Tunisie a franchi la ligne rouge en matière d'endettement extérieur de l'État»; fin 2013, la dette s'élevait déjà à 40 milliards de dinars (18 milliards d'euros) soit 51,1% du PIB, dépassant ainsi le seuil limite (50%). «Nous franchissons l'infranchissable (...) le coût de la dette est devenu prohibitif dépassant la capacité de remboursement de notre pays».

* Journaliste tunisien basé à Bruxelles.

Source : Agence Europe ©

 

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