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Cette tribune est une réponse à l'appel lancé par Amel Karboul, ministre du Tourisme dans le nouveau gouvernement Mehdi Jomaâ, aux Facebookiens pour promouvoir la destination Tunisie.

Par Fathi B'Chir*

 

Vous me pardonnez mais je ne ferai jamais de réclame pour le tourisme, du moins le tourisme tel qu'il est jusqu'à présent pratiqué. Je n'en veux plus.

Nous vendons soi-disant du soleil et du sable, mais nous vendons du vent; une Tunisie «Tati» plutôt que de la bonne confection. Trop folklorisée plus «Bollywood» que culturelle. Les gens qu'elle entraine visitent des hôtels comme on en trouverait à tous les abords de plages dans le monde méditerranéen, mais ne visitent pas la Tunisie.

A quoi sert un tourisme de masse si peu rémunérateur pour les hôteliers? Il enrichit les TO étrangers et quelques hôteliers tunisiens, pas le pays qui, lui, doit supporter les coûts de l'environnement pollué par cette masse humaine qui envahit nos plages et qui y cause des dommages inutiles.

L'emploi? J'espère que vous n'avez pas l'illusion que transformer des générations en serveurs et chameliers de plages soit de l'emploi durable, ni à rendre le pays apte à la nouvelle ère technologique. Peut-être ne cherche-t-on que du petit secours saisonnier, comme sur un souk de village.

En tant que Tunisien expatrié, je peux difficilement espérer profiter des plages de mon pays. Souvent mal reçu par un personnel aux qualifications inachevées, je ne retrouve pas non plus, souvent, une qualité gastronomique, dont je ne suis d'ailleurs et heureusement pas privé dans les restaurants tunisiens et maghrébins en Europe. Rien d'original à attendre sur ce plan. Mais avez-vous visité le Maroc? Là-bas, ils savent transformer une salade en poème.

Je ne suis pas contre le tourisme, mais contre ce tourisme-là. Je suis pour un tourisme qui contribue à la valorisation de l'environnement et des paysages, à l'animation des villes loin des ghettos hôteliers, qui s'intègre à l'agriculture et à l'économie du pays en offrant notamment des chances d'«exportation sur place» pour nos productions d'huile d'olive, de vin, de dattes, les produits de l'habillement de nos ateliers, de nos stylistes, qui forme réellement des jeunes au métier de l'hôtellerie et des loisirs dont nous attendons le rêve et non le cauchemar comme parfois maintenant.

L'occasion nous est donnée d'opérer une réelle «mise à niveau» de notre tourisme. Là est le défi. Il ne peut pas être de ramener des cargaisons humaines sans apport culturel ni espoirs d'échanges et de valorisation de notre pays et de sa culture; sans apport économique solide, durable.

Le tourisme «robba vecchia»? Non merci!