Rafik Souidi écrit – Une tentative de cerner les vrais objectifs de la révolution pour faire avancer le débat.


Liberté d’expression, d’association, de manifestation, de circulation, d’échange.
Pratiquement cela veut dire la fin de la censure, la fin de la répression, la fin de la délation, la fin de la torture, la fin de la police politique, la fin du quadrillage policier de la société, la fin du timbre fiscal de sortie du territoire, la fin de la confiscation du passeport, la fin de la bureaucratie tatillonne.
Justice indépendante, impartiale, incorruptible.
Cela passe par un profond renouvellement des effectifs de l’appareil judiciaire, de nouvelles dispositions constitutionnelles et leur strict respect à l’avenir. En particulier nul ne devrait être au-dessus de la loi qui devrait être la même pour tous.

Solidarité entre les régions, les classes sociales et les générations.
Cela nécessite un effort de l’Etat et du secteur privé pour réduire la fracture régionale entre les régions du littoral et celles de l’intérieur. De même, des ressources fiscales doivent être dégagées pour éliminer la pauvreté et les logements insalubres en particulier dans les quartiers-bidonvilles.
Enfin les jeunes doivent être aidés à l’entrée dans la vie active et les mises à la retraite au-delà de l’âge de 60 ans doivent être systématiques tout en garantissant des pensions de retraites décentes.
A cet égard, la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss) doit être soumise au contrôle d’une Cour des comptes  irréprochable et ouverte à la participation des citoyens.

Souveraineté et refus de toute tutelle étrangère.
La Révolution Tunisienne a abattu, sans l’aide de l’extérieur, une dictature qui a trop longtemps bénéficié du soutien de la France, de l’Italie, de l’Union européenne et des Etats-Unis sous le prétexte fallacieux de la guerre contre le terrorisme et autres lubies. Il est donc hors de question de renouveler le ‘‘Protectorat voilé’’ quitte à envisager de nouvelles alliances et coopérations équitables dans un monde devenu multipolaire.

Eradication des protagonistes de la dictature et de la corruption.
La révolution tunisienne doit rester blanche et éviter la violence sur les personnes mais les coupables doivent rendre des comptes devant la justice et être éliminés de l’appareil de l’Etat voire des circuits économiques et politiques. L’impunité serait un abandon coupable vis a vis des générations futures: plus jamais ça!

Restitution des biens mal-acquis.
Plus qu’une commission d’établissement des faits, il s’agirait de créer un pôle anti-corruption et le doter des moyens humains, financiers, logistiques, informatiques, juridiques, légaux pour obtenir des résultats satisfaisants le plus rapidement possible. Des transactions à l’amiable pourraient aussi être envisagées dans un souci d’efficacité.

Réparation des exactions de la répression et indemnisation des victimes.
Ceux qui ont injustement perdu un proche aux mains de la dictature, ceux qui ont été emprisonnés pour leurs opinions politiques, ceux qui ont été torturés, ceux qui ont été empêchés d’exercer une activité professionnelle et tous ceux dont les droits élémentaires ont été piétinés doivent avoir droit à une  juste réparation financière de la part de l’Etat tunisien et voir les coupables et les commanditaires traduits devant la justice.