Dhia Khaled écrit de Madrid – Les enjeux de la transition politique en Tunisie ne devraient pas faire perdre de vue ceux du développement économique, qui requiert plus de calme et de stabilité.


Quelques jours après Fitch, l’agence de notation Standard and Poor’s a pris, à son tour, le relais en annonçant une révision à la baisse de la note à long terme de la Tunisie qui est désormais rétrogradée à «BBB-».
Cette note résulte, sans doute, du climat social volatile qui prévaut dans beaucoup de nos entreprises publiques et privées et du tiraillement des acteurs de la scène politique, qui semblent se préoccuper beaucoup plus de leur propre avenir et de leur positionnement futur sur l’échiquier politique que du sort de l’économie tunisienne, et ce en dépit des sonnettes d’alarme tirées chaque jour et de partout.

Un signal négatif aux partenaires étrangers
Même si la Tunisie demeure dans une position relativement gérable pour le remboursement de sa dette souveraine, cette notation pourrait envoyer un signal négatif à nos partenaires étrangers, à l’instar des institutions financières internationales, mais surtout aux investisseurs étrangers. C’est de l’engagement direct et de l’appui franc de ces derniers qu’on a aujourd’hui, et plus que jamais, besoin pour épauler nos efforts de redynamisation de l’ensemble du tissu économique, d’impulsion des échanges avec l’extérieur et de création d’emplois, dans les plus proches délais possibles, pour plus de 500.000 chômeurs dont 150.000 diplômés du supérieur.
Ainsi, et même s’il est attendu de voir les discussions sur la redéfinition du paysage politique tunisien – dans le cadre de la Haute commission pour la réalisation des objectifs de la révolution, la réforme politique et la transition démocratique, que préside l’éminent juriste Iyadh Ben Achour – accaparer dans les prochaines semaines l’attention et l’intérêt de tous les Tunisiens, il nous incombe de rester vigilant et de nous accommoder rapidement avec les défis multiples auxquels notre économie fait face actuellement. Ces défis se sont, certainement, aggravés en raison de la situation critique que traverse notre voisin du sud qui, jusqu’à un passé très récent, était un client incontournable pour nos entreprises.

Mieux capitaliser les principes de la révolution
Aussi, les membres de cette Haute commission doivent-t-ils faire prévaloir, en premier lieu, les intérêts suprêmes de la Tunisie sans perdre de vue certaines lignes rouges qui concernent, notamment, la sauvegarde des fondements de la république et des principes de tolérance, d’ouverture et de modernité en dehors de toute considération politicarde et de calculs mal intentionnés pouvant raviver les dangers du sectarisme et du régionalisme.
C’est en fait l’avenir de toute une nation et de ses générations futures qui est en train de se profiler. Ainsi, si les Tunisiens ont réussi, enfin, dans un contexte régional difficile, à arracher, grâce aux sacrifices et au sang des martyrs, la possibilité d’accéder au monde de la démocratie, des libertés et des droits de l’homme, il n’en demeure pas moins qu’on est appelé à mieux capitaliser, loin des querelles, les acquis et les principes de la révolution qui nous a, si heureusement, propulsés sur les devants de la scène internationale.
Les regards sont désormais braqués sur la Tunisie qui se trouve devant une occasion historique de devenir, si elle réussit sa transition politique – malgré les manipulations des forces obscurantistes et régressives – de devenir une plateforme régionale d’affaires, de finance, de commerce et de tourisme avec tout ce que cela pourrait engendrer comme opportunités pour les jeunes Tunisiens à la fois auteurs et acteurs de la révolution.