Riadh Mestiri écrit – La révolution tunisienne pourrait constituer un modèle que les Tunisiens seraient bien inspirés d’exporter à l’étranger, et notamment dans le monde arabe où elle fait déjà figure de modèle.


Etudiant tunisien, j’ai vu la révolution du jasmin se déclencher, se développer et se concrétiser enfin dans mon pays. Comme beaucoup de personnes, j’ai eu du mal à y croire au début ne voyant pas une issue claire aux revendications des manifestants. J’ai vu le phénomène, j’ai vu la rue, j’ai vu le peuple se lever et réclamer ces droits avec énormément de courage. Je n’y ai pas forcément participé, ni n’y ai cru pendant longtemps, mais j’ai suivi le mouvement avec l’espoir timide d’une concrétisation du rêve d’une nation.
Si j’aborde ce point, c’est pour clarifier le but de ce message, je ne me positionne pas à travers cet article comme donneur de leçon, ou comme un opportuniste. Je cherche à exprimer mon point de vue et à partager ma vision de l’avenir.

Un idéal pour l’avenir du pays
Ce que j’aurais retenu de la «révolution du jasmin», à part l’immense fierté d’être Tunisien, le soulagement de l’obtention a priori d’une liberté si chèrement voulue et si difficilement acquise. C’est, et cela va plus dans l’actualité de notre pays, c’est l’impact médiatique, sociologique et politique de notre révolte.
En cette période de transition, beaucoup de questions se posent: Quelles sont les personnes aptes à tenir le pouvoir? Quelles sont les personnes en qui nous pouvons avoir confiance? Quelle serait l’impact de la révolution sur notre économie? Est-ce que nous saurons redresser le déficit budgétaire engendré par la corruption? Combien de temps et de moyens nous faudrait-il pour retrouver une stabilité économique et politique?
C’est là qu’entre en jeu l’impact médiatique (diffusion des images de la révolution partout dans le monde, reconnaissance et respect gagné aux yeux du monde), l’impact sociologique (mise en avant du patrimoine intellectuel, culturel et politique de notre peuple) et un impact politique (réaction en chaine de nos proches voisins dès le début des manifestations).
De ces trois impacts nous pouvons tirer un idéal pour l’avenir de notre pays, un idéal basé sur la notion de «modèle tunisien». A l’instar des grands pays qui dirigent ce monde, la Tunisie a prouvé qu’elle fait parti des «grandes nations» de ce monde et qu’elle peut et doit croire en l’exportation de son modèle à travers et surtout et en premier lieu dans le monde arabe.

La première révolution pacifique arabe
Nous vivons dans une ère de mondialisation, avec – comme plus grande faiblesse – l’uniformisation des cultures à travers l’exportation d’un modèle unique, le modèle occidentale. L’avenir de notre pays, pour un idéaliste comme moi, se trouve dans un «modèle tunisien »… Un modèle basée sur notre savoir- faire, sur la crédibilité acquise par notre peuple, sur sa notoriété retrouvée.
Ce schéma peut paraître trop idéaliste, mais il est réalisable. La preuve réside dans les événements actuels: le mouvement populaire a débuté en Tunisie avant d’engendrer une onde de choc et de s’exporter un peu partout dans le monde arabe.
Je lance donc un appel à tous les Tunisiens pour qu’ils croient en leur modèle et en son avenir, tout d’abord dans notre horizon politique à venir, ensuite dans le paysage économique où la mise en valeur de l’origine de nos produits ne serait plus une tare mais un avantage, où le touriste occidental ne viendra plus en Tunisie simplement pour ses belles plages, ses narguilés et ses jasmins mais aussi pour aller à la rencontre du premier peuple arabe à avoir renversé un dictateur par une révolution démocratique.