Rafik Souidi écrit – A la première importante secousse qu’a connue le pays, après la chute de l’ancien régime, l’armée nationale tunisienne a su réagir avec civisme, tact et sens de l’organisation.


L’armée nationale tunisienne vient en moins de trois mois de démontrer:
- son civisme, en refusant de tirer sur la population;
- sa capacité d’organisation, en assurant l’ordre durant l’absence de la police;
- sa neutralité politique, en ne prenant pas le pouvoir dans une phase de vide politique;
- son savoir-faire dans la gestion des crises humanitaires, forgé lors des multiples missions de maintien de la paix, dans le cadre de l’Onu, en assurant convenablement l’accueil des réfugiés à Ras-Jedir avec l’aide du peuple tunisien.

Un test de stress élevé
La Grande Muette vient de passer avec succès un test de stress élevé et elle mérite davantage de moyens pour exprimer tout son potentiel.
Cette armée bénéficie aujourd’hui d’une grande crédibilité et les autorités de l’Etat devraient considérer le renforcement de ses capacités défensives. Il s’agirait en l’occurrence d’augmenter ses effectifs actuels qui semblent insuffisants puisqu’il a fallu faire appel à la réserve après le 14 janvier pour remplir les différentes missions. Tout d’abord, en intégrant les membres de l’ex garde-présidentielle aux «forces spéciales» de l’armée en veillant à leur inculquer les mêmes valeurs. Puis, en recrutant un grand nombre de jeunes diplômés universitaires au chômage et en les formant à la chose militaire dans les différentes académies. Forte de sa popularité actuelle, un appel à souscription de l’armée nationale rencontrerait probablement un large succès. Les économies qui vont être irrémédiablement faites dans le budget pléthorique du ministère de l’Intérieur devraient contribuer à financer ces nouveaux besoins.
De plus, il faudrait compléter son équipement et la doter d’armements plus sophistiqués pour en faire une véritable armée d’élite capable d’affronter un large éventail de situations.

Pour une armée d’élite
Enfin, il est temps pour la Tunisie de développer une industrie d’armement locale qui serait à terme un gage de souveraineté et une source de création d’emplois non négligeable.
L’armée nationale tunisienne a dans son Adn la capacité à devenir une armée d’élite de par son éthique, son savoir-faire et sa combativité.
On se souviendra à cet égard de la célèbre bataille de Monte-Cassino, lors de la seconde guerre mondiale. Les soldats Tunisiens s’y illustrèrent et réussirent là ou d’autres Alliés avaient échoué, comme ne manqua pas de le souligner le général de Gaulle dans ses ‘‘Mémoires’’: «...le 4e régiment de tirailleurs Tunisiens y accomplit un des faits d’armes les plus brillants de la guerre», avait-il écrit.