Samih Cherif écrit – L’empressement de Sarkozy à en finir avec le leader libyen Kadhafi, auquel il était lié par des relations très amicales, autorise quelques questions sur les véritables motivations du président français.


La communauté internationale jusque là hésitante vient enfin d’autoriser l’emploi de la force en Libye, à coup de grosses pressions françaises, et ce afin de protéger les Libyens du monstre tortionnaire qui les «kadhafise» depuis 42 ans.
Depuis le début du feuilleton libyen, la position française à d’abord été celle de l’observation prudente, puis celle de la prise initiative avec l’accueil à l’Élysée de deux émissaires du Conseil national libyen de transition et puis très vite celle du passage à l’acte.

La peur du scénario à l’irakienne
En effet, la France a tout fait pour influencer les prises de décision du Conseil de sécurité de l’Onu et il y a là des questions à se poser sur les positions actuelles de la France et leurs rapports avec ses intérêts.
Il n’est pas de l’intérêt des Français de faire chuter Kadhafi militairement, contrairement aux Américains ou aux Anglais. D’abord parce que cela pourrait créer un vide dangereux qui donnerait plus de facilités aux groupes islamistes pour se refaire et nuire à la présence française au Sahel, notamment au Tchad et dans d’autres zones riches en uranium, essentiel pour l’indépendance énergétique française et pour son économie déjà en difficulté. Ensuite parce que cela pourrait mener à un remake de l’Irak ainsi qu’à un chaos migratoire aussi impossible à contenir que les fuites radioactives de Fukushima.
A moins que le pétrole libyen n’en vaille vraiment la chandelle, le pari français semble hautement risqué sur le plan large, d’autant plus que le régime libyen n’a pas hésité à basculer dans le terrorisme d’Etat dans le passé, notamment avec l’affaire Lockerbie.

Des règlements de comptes personnels?
Il est donc difficile de déterminer la nature des motivations françaises des derniers jours et de vérifier si elles émanent d’une réelle conviction humaniste, d’intérêts pétroliers ou encore d’une envie féroce de règlements de comptes personnels entre Sarkozy et le clan Kadhafi qui menace de déballer le linge sale de la campagne électorale de 2007 à un an de l’élection présidentielle. Il est vrai que le meilleur moyen d’éviter un procès est de se débarrasser très vite des témoins gênants, tout comme il est vrai que le meilleur moyen de se faire piquer par une abeille est d’aller taper aveuglément dans la ruche, surtout quand on est allergique.
Le puissant patron du renseignement intérieur français, Bernard Squarcini, qui tirait déjà la sonnette d’alarme il y a quelques mois va bientôt devoir sortir ses cloches tandis que la douce Marine sonne déjà les siennes.

Source: ‘‘Mental Madness’’.