Ali Ben Mabrouk écrit - Chaque jour, on en apprend du nouveau sur les acquisitions du président déchu et des membres de sa famille. C’est aujourd’hui qu’on nous les révèle, quand le mal est consommé.


Les Tunisiens qui détenaient ces informations et les avaient gardées secrètes ne sont-ils pas eux aussi responsables du gâchis?
Lors de l’achat privé d’un avion Boeing, il a bien fallu qu’une importante somme d’argent en devise soit débloquée. Ceux qui veillaient aux destinées de la Banque centrale de Tunisie (Bct) doivent être au courant. Comment se fait-il qu’à l’époque de la transaction aucune information n’a filtré? Ceux qui ont préféré garder le silence sur ces malversations ne sont-ils pas aussi complices?

 

Un silence complice
Les Trabelsi et El Matri n’ont jamais été des exportateurs, bien au contraire, ils étaient d’insatiables importateurs, car non seulement ils ne cessaient de transférer d’importantes sommes d’argent en devises pour leurs acquisitions, en plus ils ne payaient pas les droits de douanes.
On peut se demander comment ont-ils pu posséder des comptes en devises pour pouvoir acheter des biens immobiliers à Paris, au Canada, à Dubaï ou ailleurs.
D’après certaines révélations, la femme du président déchu aurait acquis le siège de la résidence de l’ambassadeur de Tunisie en France pour une somme dérisoire qu’elle n’a jamais réglée à ce jour. Cette information a certes été démentie à Kapitalis par Mohamed Raouf Najjar, ex-ambassadeur de Tunisie en France, mais on attend de connaître la vérité à ce sujet par le gouvernement tunisien actuel. Mais si cette information s’avérait juste, cela poserait bien des questions. Pourquoi les médias n’ont-ils pas ébruité cette affaire? Cela n’arrive pas tous les jours que la première dame d’un pays déloge un ambassadeur de sa résidence pour en disposer à sa guise.
Toutes ces révélations qui nous tombent du ciel doivent nous interpeler. Ne sommes-nous pas tous responsables, ne fut-ce que par notre silence, des malversations commises par l’ancien régime? La peur n’est pas une justification recevable. Quelques hommes et femmes ont eu le courage de s’opposer au régime de Ben Ali, au prix de leur liberté et même, parfois, de leur intégrité physique. S’ils avaient trouvé un soutien auprès de leur peuple, Ben Ali n’aurait pas régné pendant 23 ans.

Pour qu’il n’y ait plus un nouveau Ben Ali
Par ailleurs, un dictateur ne peut pas régner tout seul. Il a toujours besoin d’exécutants pour ses basses œuvres, et qui le soutiennent pour le maintenir au pouvoir. Il est malheureux de constater que la léthargie a duré plus qu’il ne le fallait. Il a fallu que le malheureux Mohamed Bouazizi, jeune marchand ambulant, paie de sa vie pour que la nation se réveille et ouvre ses yeux sur les malversations de ses gouvernants.
Il nous reste à trier des leçons de la tragique période vécue par la Tunisie. L’histoire ne doit pas se répéter. Il nous incombe de garder les yeux grandes ouvertes pour éviter de tomber dans le même piège et de veiller à ce qu’il n’y ait plus un nouveau Ben Ali pour pourrir notre vie, et la vie de nos enfants.