Dans ce texte écrit à la manière d’Emile Zola, une Tunisienne, médecin radiologue du service public, dit tout le bien qu’elle pense de la centrale syndicale tunisienne.
Dr Ibtissem Bellagha*


Pour avoir travaillé pendant 30 ans dans des structures sanitaires publiques…
Pour avoir entendu des témoignages et vécu certains événements après le 14 janvier…
Pour avoir entendu hier sur Nessma, Mr Briki, second et porte-parole de l’Ugtt, dire que l’Ugtt a organisé des grèves pour faire pression sur le gouvernement transitoire…
J’accuse le bureau central de l’Ugtt et certaines branches de sa base, tout en respectant l’institution en elle même d’avoir tout fait pour empêcher l’évolution de la Tunisie libre vers la démocratie.
J’accuse l’Ugtt d’avoir négligé la situation des travailleurs des sociétés de service avant le 14 janvier et de s’en être indignée après.
J’accuse l’Ugtt d’avoir ignoré la situation des stagiaires techniciens supérieurs (bac + 3) qui étaient payés 107 dinars tunisiens (DT) pendant un ou deux ans sans couverture sociale avant de 14 janvier et de s’en être indignée par la suite.
J’accuse l’Ugtt d’avoir ignoré tout travailleur ayant travaillé dans le secteur privé mais surtout public et ayant été payé moins que le Smig et sans couverture sociale avant le 14 janvier et de s’en être indignée par la suite.
J’accuse l’Ugtt d’avoir ignoré les travailleurs qui ont travaillé dans le secteur public avec un contrat à durée déterminée ayant duré plus de 3 ans avant le 14 janvier et de s’en être indignée après.
J’accuse l’Ugtt d’avoir été de connivence avec le gouvernement de Ben Ali contre ses travailleurs en ne les défendant pas pendant 23 ans.
J’accuse l’Ugtt d’avoir fait porter le poids de sa responsabilité sur les  gouvernements transitoires pour les affaiblir.
J’accuse l’Ugtt d’avoir contribué dans une large part à l’augmentation du chômage et à la baisse de l’économie depuis le 14 janvier.
J’accuse l’Ugtt d’utiliser des méthodes violentes pour déstabiliser des entreprises ou des institutions.
J’accuse l’Ugtt d’avoir décidé toute seule de ce qui est bon pour nous et de ce qui ne l’est pas et donc d’œuvrer de façon non démocratique.
J’accuse l’Ugtt de manipuler nos enfants pour arriver à ses fins.
J’accuse l’Ugtt d’avoir pris en otage notre révolution et de vouloir se l’approprier.
J’en appelle à la lucidité de chacun d’entre nous de le crier haut et fort, j’en appelle au président de la république par intérim de ne pas accepter d’instituer un Conseil national de la protection de la révolution autoproclamé avec l’Ugtt en son sein, si conseil il y a de ne lui donner qu’un pouvoir consultatif et de limiter ce conseil dans le temps.

* Professeur en radiologie, à l’Hôpital d’Enfants de Tunis