L'auteur plaide pour une solidarité plus agissante entre l’Union européenne (UE) et la Tunisie. Cette solidarité agissante ne pourrait trouver sa pleine expression que dans une stratégie de co-développement. Par Naceur Ben Frija


Cette réflexion a commencé dans le cadre d’un mémoire de diplôme en droit international sur les relations CEE/Maghreb à la lumière des premiers accords de coopération conclus entre la CEE et les trois pays maghrébins (Algérie, Maroc et Tunisie) pris séparément.
Quels sont les moyens d’y parvenir ? Cela nécessite des engagements d’ordre financier et moral.

 

L’aspect d’engagement financier
Dans le dernier questionnaire mis en ligne par la délégation de l’UE en Tunisie dans le cadre des pourparlers sur un statut avancé pour la Tunisie dans ses relations avec l’UE, j’ai réitéré ma plaidoirie pour le co-développement, qui date des années 1980.
J’ai souligné dans ce questionnaire la nécessité d’une approche s’inscrivant dans une logique de co-développement et de complémentarité en mettant à contribution la Banque européenne d’investissement (Bei) ainsi que l’ensemble des institutions européennes à caractère technique, à l’instar de ce qui a été fait avec l’Espagne, le Portugal et la Grèce.
A cet égard, l’UE gagnerait à sensibiliser encore davantage ses populations sur le bien-fondé de sa stratégie en lui permettant en particulier de mieux connaître la Tunisie en facilitant l’accès des médias tunisiens à l’espace européen comme c’est le cas en Tunisie pour recevoir les chaînes de télévision européennes, notamment.
Les populations et leurs représentants à Strasbourg ne seraient que plus motivés pour voter les budgets et les financements nécessaires à la mise en œuvre de plan d’actions (aujourd’hui, l’on propose un plan Marshall pour la Tunisie). Il est nécessaire de développer l’idée de stratégie mutuellement avantageuse dans le co-développement qui tienne compte de la volonté des deux parties et prenne en considération leurs priorités mutuelles. Mettons l’accent là aussi sur le fait qu’il s'agit de co-développement et que c’est une stratégie mutuellement avantageuse.

L’aspect de l’engagement moral
Il est nécessaire, par ailleurs, de rétablir la confiance entre les peuples en poursuivant une politique d’ouverture. Construisons de véritables ponts de rapprochement, le bon voisinage suivra naturellement parce que les peuples s’y identifieront et adhéreront naturellement.
Il faut éduquer les populations dans le respect de l’autre et enseigner davantage les civilisations d’autrui. Revisiter les manuels scolaires. Donc mettre l’accent sur le système éducatif des deux côtés, d’où l’approche de co-développement préconisée. L’éducation est un domaine de prédilection dans le cadre du co-développement.
Continuons à coopérer dans les secteurs économiques traditionnels notamment dans le secteur du textile dont le développement en Tunisie a été encouragé par la Cee dans le cadre de la délocalisation. Procédons également, aujourd’hui, au développement d’autres secteurs en tenant compte des priorités respectives et des équilibres en présence dans un cadre de co-développement et de complémentarité.
Saisissons l’occasion de la nécessaire restructuration de l’économie mondiale et du système financier mondial afin d’asseoir la stratégie de co-développement et de complémentarité dans la cadre d’un partenariat mutuellement avantageux teinté de laïcité.
Mettons aussi fin à la crise d’incompréhension entre les peuples. Ces derniers doivent demeurer la finalité du bon voisinage. Rapprochons-les de nouveau en véhiculant des messages d’espoir, d’amitié et d’humanisme.
Procédons comme cela a été fait pour le Portugal, l’Espagne et la Grèce en son temps. Encourageons l’intégration régionale du Maghreb et du monde méditerranéen en mettant encore davantage à contribution les institutions de l’UE et en y impliquant les populations européennes par une information objective et constructive.