Pour assainir le secteur des médias, le gouvernement Jebali a cherché ceux qui ont fait du tort au secteur et l’ont sali lorsqu’ils étaient totalement engagés avec le régime Ben Ali.


A ne voir dans la salle qu’une majorité écrasante de figures emblématiques du régime Ben Ali, le Syndicat pour la culture et l’information, dépendant de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a préféré se retirer, lui aussi, de la Conférence nationale sur le cadre légal de l’information, décidée à la va-vite et unilatéralement par le gouvernement provisoire, peuplée aujourd’hui par les hommes de Ben Ali.

Parmi les ex-serviteurs zélés de l’ancien régime, qui étaient présents aux premiers rangs, on citera Ali Trabelsi (32 ans au service de la communication de Bourguiba et Ben Ali), Ridha Mellouli, ex-propagandiste de Ben Ali et ennemi juré de l’opposition, Mohamed Hamdane, qui a prononcé la conférence d'ouverture, Nadhir Azouz, Taïeb Yousfi, Amal Mzabi… Pour ne citer que quelques uns.

Face à ce spectacle désolant du retour de l’ancien système, désormais aux couleurs d’Ennahdha, Sihem Ben Sedrine, militante des droits de l’Homme et directrice de radio Kalima, a préféré se retirer. Et elle a justifié son retrait.

Quant à l’Instance nationale de la réforme de l’information (Inric), qui a demandé le report de cette conférence, elle n’a pas répondu présent. Ses membres ont présenté aujourd’hui au président Moncef Marzouki leur rapport, fruit d’une année de travail avec des experts et des professionnels tunisiens et étrangers. Le Syndicat national des journalistes tunisiens (Snjt) a appelé lui aussi au report de la conférence.

Le ministre de la Justice, Noureddine Bhiri, qui a présidé les débats, a justifié la présence des figures de l’ancien régime par la nécessité de faire participer toutes les parties. Et d’évoquer la règle de la démocratie.

Quant à la réforme, aux enquêtes sur la corruption et au jugement de ceux qui ont profité de l’ancien système… cela peut attendre. Ennahdha a d’autres priorités: récupérer les piliers de l’ancien régime dans le secteur des médias, qui ont des choses à se reprocher, et les utiliser pour asseoir son pouvoir.

En d’autres termes, on prend les mêmes et on recommence.

Z. A.

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