constituants islamistes banniere 2 3

Les membres de l'Assemblée nationale constituante (ANC) doivent savoir qu'au-delà de l'adoption de la Constitution, mission pour laquelle ils ont été élus, leur ticket n'est plus valable. On les a déjà trop vus et ils nous ont beaucoup coûté...

Par Rachid Barnat

Le 23 octobre 2011, les Tunisiens ont été appelés aux urnes pour élire une ANC. Le mandat confié aux constituants était clair: rédiger une nouvelle Constitution. Ils viennent de rendre avec beaucoup de retard leur copie, et depuis l'adoption de la nouvelle Constitution, leur mandat est terminé: ils doivent rendre leur tablier et l'ANC doit être purement et simplement dissoute.

La démocratie c'est aussi respecter la volonté du peuple et que les élus respectent le mandat qu'il leur accorde.
Faut-il rappeler que les constituants ont perdu leur légitimité, le 23 octobre 2012, qui correspondait à la fin du mandat de un an que les Tunisiens leur avaient accordé?

Leur mission est terminée depuis le 28 janvier 2014, après l'adoption du texte définitif de la constitution.

Le maintien de l'ANC, constitue un danger pour la démocratie en Tunisie.

L'ANC n'a plus de raison d'être après le vote de confiance au gouvernement de Mehdi Jomaâ et l'adoption de la Constitution.

La gestion du pays sans parlement se fera de la même manière que lors de la phase de transition gouvernée par Béji Caïd Essebsi. Il s'agit de quelques mois, le temps d'organiser les élections législative et présidentielle.

Le pays survivra sans ANC comme il a survécu à deux années de gouvernance catastrophique par les Frères musulmans nahdhaouis dominant l'ANC et la troïka, l'alliance gouvernementale.

Béji Caïd Essebsi a gouverné par ordonnances et a confié à un comité consensuel l'organisation des élections et la rédaction de la loi électorale! Mehdi Jomaâ peut faire de même.

Le «consensus des partis», le «Quartet», le «dialogue national»... servent eux aussi et pas uniquement à servir Ghannouchi.

Ce qui aura le mérite :

- de ne plus laisser des constituants illégitimes, parasiter le gouvernement par leur incompétence;

- et surtout de soustraire le pays à la main mise de Ghannouchi qui continuera à faire la pluie et le beau temps en Tunisie jouant d'une légitimité accordée par l'opposition et nullement par le peuple.

Il faut que l'opposition et la société civile cessent leur suivisme derrière un Ghannouchi toujours aussi vindicatif et aussi arrogant.

Car il faut être naïf pour ne pas comprendre pourquoi Ghannouchi exige le maintien de l'ANC : il y détient la majorité et veut s'en servir. Comme il exige le maintien de Lotfi Ben Jeddou au ministère de l'intérieur qu'il a infiltré de ses hommes... alors que logiquement ce ministre doit partir pour avoir failli et pour avoir fait partie d'un gouvernement qui a failli. S'il y tient tant, c'est qu'il a des idées derrière la tête : manipuler les scrutins à venir, en renouant avec les pratiques d'avant le 14 janvier 2011. Et l'opposition pourra dire adieu à la «neutralité du gouvernement de technocrates» qu'elle n'a cessé d'exiger car il sera sous le contrôle de Ghannouchi... et donc forcément POLITIQUE.

Il y a d'ailleurs un test absolument essentiel et qui devrait nous éclairer rapidement:

- si le gouvernement ne revient pas sur certaines nominations, par exemple les gouverneurs à la botte d'Ennahdha;

- et s'il ne dissout pas rapidement les Ligues dites de «protection de la révoltion».

Alors les Tunisiens doivent comprendre que les élections ne seront pas transparentes.

On a mis en évidence les liens existant entre l'Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE) et le Centre Informatique, lequel est noyauté par les Nahdhaouis. Pensez-vous sérieusement dans ces conditions que l'on aura des élections libres, honnêtes et transparentes?

Pour ceux qui naïvement font mine de croire que les islamistes sont devenus raisonnables et ont admis certains principes de la démocratie comme ceux des droits de l'homme, qu'ils n'oublient pas qu'ils ont affaire à l'organisation des Frères musulmans. Leur recul n'est que stratégique et il faut s'attendre à tout de ces gens là.

Faut-il que les peuples dits «arabes» se voient imposer le totalitarisme islamiste par les Américains, eux qui ont combattu les totalitarismes fasciste et communiste... jusqu'à l'obsession pour ce dernier avec le Maccarthysme. Et que l'Union européenne, «suiviste», en fasse autant?

L'opposition doit cesser de jouer le jeu de Rached Ghannouchi... A moins que son jeu ne cache autre chose!

Blog de l'auteur. 

 

Articles du même auteur dans Kapitalis:

Tribune-Tunisie: Identité arabo-musulmane et enjeux du progrès

Tribune : Ce que le wahhabisme doit au chiisme qu'il prétend combattre

Le wahhabisme au service du colonialisme et du sionisme