Moncef-Marzouki-Campagne-electorale-Banniere

Moncef Marzouki entame sa campagne électorale en s'attaquant aux «médias stupides» et aux «cellules dormantes du RCD», qui ont contribué, selon lui, à la division du pays.

Par Zohra Abid

Dans le discours de lancement de sa campagne pour la présidentielle, dimanche 2 novembre 2014, à la salle Le Colisée, à Tunis, le président provisoire de la république a avoué avoir commis quelques erreurs, ajoutant qu'il assume sa part de responsabilité dans l'échec de la troïka, la coalition gouvernementale dominée par le parti islamiste Ennahdha ayant gouverné le pays entre décembre 2011 et janvier 2014. Cependant, sa responsabilité dans la dégradation de la situation dans le pays, au cours des 3 dernières années, reste minime. Les responsables de cette dégradation sont les «médias méprisables et stupides» et les «cellules dormantes du RCD (ancien parti au pouvoir dissout, NDLR) avec lesquelles ces médias ont beaucoup collaboré», a-t-il expliqué.

Au secours, le RCD revient!

Quant à la victoire de Nida Tounes aux législatives du 26 octobre 2014, elle est, selon le candidat à la présidentielle, le signe de la montée du RCD revenu aux premières loges mais dans de nouveaux habits. «Ce retour est une menace pour l'unité nationale, car ce parti se veut unique et dominant et cherche par tous les moyens à diviser le pays entre le nord et le sud», a encore expliqué M. Marzouki.

S'attaquant ensuite aux médias, son sujet favori, le président provisoire de la république, dont le parti vient d'être laminé par un vote sanction et qui persiste dans sa stratégie suicidaire, a déclaré qu'«au cours des 3 dernières années, les médias tunisiens n'ont fait que mentir au peuple en falsifiant les faits pour l'induire en erreur».

Le peuple tunisien, qui n'a pas voté le parti de M. Marzouki et qui risque de ne pas voter pour lui non plus, est présenté par ce dernier comme un parfait idiot que des médias diaboliques liés à l'ancien régime ne cessent de rouler dans la farine. Belle théorie, en somme, mais difficile à faire «avaler» par les électeurs, sachant que les sondages sont unanimes: plus de 60% des Tunisiens font aujourd'hui confiance à leurs médias. M. Marzouki, qui n'aime pas lire les sondages, ne veut pas le savoir, position qui s'apparente à un suicide électoral.

Salle-Le-Colisee-meeting-du-CpR--

Le peuple de Moncef Marzouki: Cpristes, Nahdhaouis, salafistes et Ligues de protection de la révolution.

Par ailleurs, M. Marzouki, plus démocrate que lui tu meurs, agite la grande peur du siècle: le retour de la dictature. Aussi appelle-t-il tous les démocrates, dont beaucoup l'ont déjà vomi, à soutenir sa candidature pour un nouveau mandat, de 5 ans cette fois, au palais de Carthage. Les Tunisiens imagineront le nombre incalculable de bourdes qu'il commettra pendant un si long bail.

La révolution permanente 

On remarquera, au passage, que la salle du Colisée était pleine comme un œuf. Les militants du Congrès pour la république (CpR) et d'Ennahdha, venus soutenir leur «tartour» bien-aimé, y côtoyaient les dirigeants des Ligues de la protection de la révolution (LPR), ces milices violentes qui avaient leurs entrées au palais de Carthage sous le règne de M. Marzouki, et qui ont été dissoutes par une décision de justice.

Ces derniers se sont déchaînés cette semaine sur les réseaux sociaux et menacent de descendre dans la rue pour barrer la route au retour de l'ancien régime, incarné par Nida Tounes, vainqueur des législatives, et de refaire ainsi la révolution.

Brrr ! Ceux qui ont peur d'un pareil scénario catastrophe savent ce qu'ils doivent faire : voter pour Moncef Marzouki, l'ami des islamistes, des salafistes et des extrémistes de tous bords.

{flike}