zied lakhdar hamma hammami 8 20

Le leader du Front populaire estime qu'Ennahdha n'a aucune envie de trouver des solutions pour sortir le pays de la crise, mais que sa démarche repose sur la division et la distribution de sièges à ses partisans pour accaparer le pouvoir ad vitam aeternam.

Par Yüsra N. M'hiri

Le Front populaire a tenu, mardi, une conférence de presse à Tunis au cours de laquelle il a souligné la nécessité de maintenir la campagne nationale Erhal (Dégage), initiée par le Front de salut national (FSN), constitué par l'Union pour la Tunisie, le Front populaire et plusieurs organisations nationales et associations non gouvernementales.

La campagne Erhal vise à mettre la pression sur les hauts responsables de l'administration et des entreprises publiques nommés non sur la base de leur compétence mais sur celle de leur allégeance au parti Ennahdha (au pouvoir).

Le gouvernement Ennahdha met le pays en danger

«Ennahdha avance à reculons. La Tunisie post révolutionnaire est une autre Tunisie, les choses ont bel et bien changé, mais en plus mal», explique Hamma Hammami, faisant ainsi allusion à la montée de l'insécurité, de la violence et du terrorisme dans le pays, sans parler des difficultés économiques qui se sont aggrévées, surtout en ce qui concerne les couches et les zones déshéritées. Il ajoute, ironique: «Malgré tous les dangers menaçant notre pays, Ennahdha continue de dire que tout va très bien. C'est comme Khaled Tarrouche, ex-chargé de la communication au ministère de l'Intérieur, interrogé sur l'existence de camps d'entrainement de terroristes, avait répondu qu'à sa connaissance, il s'agissait d'entrainements sportifs».

Selon le leader du FP, le gouvernement provisoire continue de faire la sourde oreille aux revendications du peuple, qui a fait une révolution pour jouir de la démocratie.

La conférence de presse a aussi été une occasion pour le FP de souligner l'attitude sournoise d'Ennahdha, qui cherche à diaboliser le Front populaire en l'accusant de pratiquer la violence.

hamma hammami zied lakhdar 8 20

Zied Lakhdar et Hamma Hammami sceptiques quant au sérieux du parti Ennahdha et sa disposition à céder le pouvoir démocratiquement.

«Nettoyez devant vos portes! Nous sommes victimes de votre violence. Nous avons perdu les nôtres dans des assassinats politiques odieux (notamment Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi) et nous n'avons jamais eu recours à la violence», s'est insurgé Hamma Hammami. Qui a enchaîné, en s'adressant aux dirigeants d'Ennahdha: «Pendant votre règne, même les forces sécuritaires ont été la cible d'agressions violentes», par allusion aux nombreux éléments de la police et de l'armée qui ont été tués par des extrémistes religieux, notamment au Mont Chaambi.

Un parti islamiste au passé violent

M. Hammami a rappelé, à ce propos, les épisodes violents qui ont marqué l'histoire du mouvement islamiste religieux qui, dans les années 80-90, a recouru au jet d'acide sulfurique contre les femmes non voilées, les bombes dans les hôtels, l'incendie du siège du RCD à Bab Souika, et autres actes terroristes qui ont provoqué la terreur en Tunisie.

«Le parti Ennahdha a crée ses propres milices», a souligné M. Hammami, en référence aux fameuses Ligues de la protection de la révolution (LPR), souvent promptes à attaquer les meetings des partis de l'opposition. «Ce sont là des pratique de l'ancien régime. Elles nous rappellent amèrement l'époque Ben Ali», conclue-t-il.

Zied Lakhdhar, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates (Watad), explique, de son côté, que le gouvernement islamiste a toléré les appels à la violence et au meurtre au cours des meetings politiques et des prêches dans les mosquées. De ce fait, il porte la responsabilité de tout acte violent commis dans le pays, précise M. Lakhdar.

«Les dirigeants d'Ennahdha sont des fascistes»

Interrogé au sujet de la rencontre à Paris de Béji Caid Essebsi, leader de Nida Tounes, et de Rached Ghannouchi, président du mouvement Ennahdha, et qui a été interprétée par beaucoup comme une tentative de ce dernier de diviser l'opposition, Hamma Hammami a estimé que «cette affaire a fait beaucoup de bruit sur la forme oubliant que le fond est plus important. «M. Caïd Essebsi s'est montré ferme, au cours de cette rencontre, en soulignant la nécessité de dissoudre le gouvernement et de mettre en place un gouvernement de salut national», a insisté M. Hammami, ajoutant que le leader de Nida Tounes lui en avait parlé au téléphone, le rassurant sur l'importance qu'il accorde à l'alliance entre l'Union pour la Tunisie et le Front populaire, ainsi qu'au Front de salut national, seul moyen pour sauver le pays de la crise larvée actuelle.

«Le mouvement Ennahdha essaie de diviser le FSN par des pratiques qui n'ont aucune chance d'aboutir», a lancé M. Hammami. Qui a ajouté: «Je crains le pire des militants d'Ennahdha. Aujourd'hui ils sont dans une situation difficile, c'est le début de la fin. Dos au mur, ils sont capables d'assassiner l'un des leurs pour faire diversion et manipuler l'opinion publique. Ce sont des fascistes qui agissent puis accusent, rien que pour le pouvoir... Les intérêts de la nation n'ont aucune importance à leurs yeux».