Si vous êtes tentés par l’émigration au Canada, un pays ouvert aux émigrés en général et aux émigrés Tunisiens en particulier, lisez ce compte-rendu d’une conférence de presse donnée mardi par M. Ariel Delouya, ambassadeur du Canada en Tunisie, au siège de son ambassade, sur l’état des lieux et les procédures de l’octroi des visas d’immigration aux ressortissants tunisiens. Tout y est, ou presque…

 

 


«L’immigration est un sujet d’une grande importance aussi bien pour nous citoyens et gouvernement canadiens que pour les Tunisiens». C’est par cette conviction que l’ambassadeur a commencé sa conférence. Soulignant que le Canada est «un produit de l’immigration» par excellence, M. Delouya, lui-même fils d’immigrés marocains (originaires de Marrakech), a passé en revue l’historique des événements qui, depuis des centaines d’années, ont fait de son pays ce «melting-pot» de différentes races, ethnies, religions etc. qu’est le Canada aujourd’hui.

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Le diplomate canadien, qui était accompagné de M. Jean-Louis Laberge, le conseiller en immigration, ne tarit pas d’éloges à l’égard les valeurs nourris par la politique d’immigration et d’intégration du Canada. «Un sur deux habitants de Toronto sont nés à l’étranger, rappelle-t-il. Notre pays est un microcosme de l’univers et c’est une fierté pour nous Canadiens ». «L’immigration, ajoute-t-il, est un élément central de notre politique. Le Canada accueille une moyenne de 250.000 immigrés chaque année et nous n’avons jamais instauré de quotas pour limiter le nombre d’immigrés». «C’est aussi une nécessité économique et politique», admet-il cependant.
L’ambassadeur a, à l’occasion, donné un aperçu sur les opportunités de travail et d’études au Canada. Pour émigrer vers ce pays, il faut être un travailleur qualifié ayant acquis au moins une année d’expérience dans l’un des 38 secteurs fortement demandés, tels que la santé, la restauration, la construction, l’exploitation des mines, etc. La liste complète est inscrite sur ces sites.
Quant aux étudiants, ils ont la possibilité de travailler pendant et après leurs études au Canada. Après l’obtention de leur diplôme, ils peuvent avoir un permis de travail ouvert, d’une durée maximale de trois ans, en vue d’acquérir une expérience professionnelle.
Un salon canadien de l’éducation a lieu, chaque année, fin octobre, à Tunis, puis à Sousse, avec la participation d’une vingtaine d’établissements canadiens d’enseignement supérieur, pour donner des éclaircissements aux étudiants sur le guide de demande de visa d’études ou d’immigration, les formulaires à remplir et les perspectives de travail au Canada.
Abordant le sujet des procédures d’octroi du visa d’immigration ou d’étude au Canada, Ariel Delouya a exhorté les éventuels postulants à recourir principalement (et exclusivement ?) au  site web de l’ambassade du Canada à Tunis (http://www.canadainternational.gc.ca/tunisia-tunisie/index.aspx?lang=fra) et celui des services d’immigration au Canada (http://www.cic.gc.ca/) qui contiennent, selon ses dires, «toutes les informations utiles» sur les demandes de visas, l’auto-évaluation, les professions recherchées etc., et pour demander un visa de résidence permanente ou celui de séjour temporaire.
Si toutes les données sont disponibles sur les sites web du gouvernement et dans les locaux de l’ambassade du Canada, à quoi servent alors les bureaux privés de services d’immigration?

Attention à l’arnaque!
Les bureaux d’immigration «sont une industrie qui se développe partout dans le monde», souligne M. Delouya. Mais en aucun cas ils ne jouissent d’un traitement favorable de la part des autorités canadiennes compétentes, selon lui.
«Le ministère de l’Immigration a instauré des critères très sévères pour ces bureaux et des sanctions menacent tous les fraudeurs parmi eux», explique-t-il, rappelant que même à travers ces bureaux, les dossiers d’immigration «sont traités au cas par cas». Autrement dit, postuler pour un visa à travers un des ces bureaux de services ne garantie pas un traitement de faveur ou des avantages de quelle nature que ce soit.
A cet égard, l’ambassadeur du Canada conseille les Tunisiens de traiter directement avec les services consulaires de l’ambassade ou d’utiliser l’un des sites web cités. «Il n’est pas nécessaire de le faire (recourir aux bureaux privés) car tout est dans le site web, dit-il. En plus, c’est souvent assez coûteux et ne présente aucune garantie».
Si les procédures de visas trainent énormément, selon la plupart des Tunisiens intéressés par l’immigration au Canada (la procédure dure généralement entre 18 et 24 mois), «c’est parce que l’offre est énorme alors que nos ressources humaines et nos budgets sont toujours insuffisants», explique M. Laberge, conseiller à l’ambassade de Tunis. «Vivre au Canada intéresse de plus en plus de gens partout dans le monde».

Rapport gagnant-gagnant

Le Canada pratique-t-il un brain-drain? Dans le cas d’un pays comme la Tunisie, «c’est non», répond M. Delouya. Il explique: «Le marché de l’emploi enregistre 80.000 à 85.000 nouveaux chercheurs d’emploi chaque année, dont 60 à 65.000 diplômés de l’enseignement supérieur. Aider plusieurs d’entre eux à émigrer est utile aussi bien pour le Canada que pour la Tunisie. C’est ainsi un rapport gagnant-gagnant».
Chaque année, entre 700 et 800 Tunisiens immigrent au Canada. Actuellement, 2.000 étudiants tunisiens poursuivent des études supérieures dans ce pays et environ 200 personnes y obtiennent, chaque année, un permis de travail temporaire.
Les premiers immigrés tunisiens sont arrivés au Canada vers le milieu des années soixante. Mais c’est dans les années 90 que leur nombre a commencé à augmenter assez fortement pour s’établir à près de 20.000 aujourd’hui. Et cette population, basée en majorité dans la région francophone (Montréal, Québec…),  devrait continuer à progresser à l’avenir.
On ne peut parler d’un brain-drain effectué par le Canada car la présumée «fuite des cerveaux» est aussi un phénomène sud-sud, renchérit le diplomate. «Un grand nombre de diplômés émigrent vers l’Afrique sub-saharienne et les pays du Golfe chaque année».

Rempart contre l’extrémisme
M. Delouya s’est longuement attardé sur les valeurs nourries et développées par une société issue de l’immigration comme celle canadienne. La promotion et la préservation des ces valeurs sont le devoir de tout Canadien et constituent l’unique moyen de lutte contre toutes les formes de discrimination, de violence ou de terrorisme. «L’ouverture et la générosité du Canada excluent les pratiques culturelles barbares qui tolèrent la violence conjugale, les meurtres d’honneur, la mutilation sexuelle des femmes ou d’autres actes de violence fondée sur le sexe, peut-on y lire. Les personnes coupables de tels crimes sont sévèrement punies par les lois canadiennes.»  
«Les Canadiens croient fermement à l’importance de défendre leurs valeurs sur la scène internationale. Ils veulent les promouvoir en raison de leur mérite inhérent, mais aussi parce qu’ils comprennent que leurs valeurs et leurs droits ne seront pas garantis s’ils ne sont pas reconnus par l’ensemble de la communauté internationale», souligne M. Delouya.
«Nous nous attendons à ce que les personnes qui veulent obtenir la citoyenneté canadienne comprennent suffisamment leurs droits et leurs responsabilités, et connaissent les valeurs et les institutions enracinées dans l'histoire du Canada».

 

M. T.

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