La note demandant aux policiers de Cannes (sud-est de la France) d’interpeller les sans-papiers d’origine... tunisienne a finalement été retirée, après les protestations d’un syndicat de police.


Une note interne affichée ce week-end au commissariat de Cannes, et prescrivant de cibler prioritairement les ressortissants tunisiens dans le travail d’interpellation des étrangers en situation irrégulière, a été retirée dimanche soir à la demande du directeur départemental de la sécurité publique, a appris l’Afp de source préfectorale.

 

«Très vive inquiétude» du syndicat de police
Réagissant dimanche soir, la préfecture des Alpes-Maritimes a précisé que la note émanait du chef du service de sécurité publique (Sgp) du commissariat de Cannes, ajoutant que «le renforcement du dispositif de surveillance et de mise en œuvre des mesures de reconduite à la frontière s’applique à tous les étrangers en situation irrégulière quelle que soit leur nationalité».
Selon le syndicat Unité Sgp Police, cette note informelle prescrivait aux fonctionnaires de police d’interpeller les étrangers en situation irrégulière de «nationalité tunisienne» dans la gare et aux environs, samedi et dimanche.
Dans un communiqué, dimanche, le syndicat a exprimé «sa très vive inquiétude quant à l’ambiguïté de cette note faisant apparaître une mission pour le moins très orientée».
«En règle génale, [...] on constate une qualité d’étranger en situation irrégulière au cours d’un contrôle de police. Dès lors, que les individus soient tunisiens, roumains, ou autres, nous les interpellons de la même manière!», a expliqué, dimanche, Laurent Martin de Fremont, délégué d’Unité Sgp Police, sur Europe 1. «Quand bien même il y a des soucis dans les pays du Maghreb, je crois qu’il est dangereux d’orienter une politique et de stigmatiser une nationalité ou une autre. [...] C’est une mission orientée franchement ‘‘borderline’’, qui pose
un cas de conscience.»
Le nombre des immigrés tunisiens en provenance d'Italie a sensiblement augmenté ces deux dernières semaines dans les Alpes-Maritimes (sud-est de la France), département voisin de la Péninsule italienne et où la préfecture a décidé de renforcer les patrouilles de surveillance, sur les routes, les voies ferroviaires et maritimes.

Pourquoi les sans-papiers tunisiens sont-ils ciblés?
Le Franco-Tunisien Samir Bouzidi, directeur du magazine ‘‘000216’’ et du site ‘‘Tunisiens du Monde’’ précise, à ce propos, que «cette pratique discriminatoire des forces de l’ordre en France vis-à-vis des sans-papiers tunisiens n’est pas nouvelle.» Il explique : «L’accord de gestion concertée signée en 2008 entre la France et la Tunisie, a eu pour première conséquence de rendre plus facilement expulsables les Tunisiens. La Police française le sait et concentre ses contrôles dans les quartiers à forte concentration tunisienne. Résultat: le taux d’expulsés des Tunisiens de France a progressé de plus de 20% sur ces deux dernières années...» Le magazine, qui cible les Tunisiens résidents en Europe, avait condamné la signature de cet accord déséquilibré pour les Tunisiens. Depuis, il a alerté à plusieurs reprises l’opinion et les consulats de Tunisie pour qu’ils ne délivrent pas à temps les fameux «laissez-passer consulaire» (Lpc) qui est «une acceptation officielle par la Tunisie de l’admission de l’expulsé. Document que les consulats algériens et marocains ne délivrent qu’avec parcimonie bloquant ainsi la procédure et soulageant ainsi des malheureux.»

Imed Bahri

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