Orange Enfants de Zouitina Banniere

Avec l'opération «Daffini», Orange Tunisie et l'association «Un enfant, des sourires», ont repris, samedi 17 janvier 2015, la route vers les régions défavorisées de Jendouba.

Par Zohra Abid

Armés de courage et de détermination, un groupe de bénévoles de l'opérateur privé de téléphonie et les membres de l'association «Un enfant, des sourires» – qui a lancé en décembre 2014 la campagne «Daffini» – ont consacré leur journée de repos aux actions caritatives. Un plaisir partagé où l'utile rejoint l'agréable le long du trajet effectué dans une ambiance quasi-familiale.

Si d'autres entreprises et associations mettaient main dans la main, goutaient à ce plaisir de se rendre utiles et se mobilisaient pour la bonne cause, la pauvreté serait sans doute plus supportable par ceux qui y vivent.

Benevoles Orange

Les bénévoles d'Orange à pied d'oeuvre.

Corps froid et cœur chaud

Face à la vague de froid et des intempéries qui persistent depuis plusieurs semaines, tout ce beau monde s'est donc donné rendez-vous dans les écoles de Zouitina et Habib Rouiî près de Ouled Dhifallah, une zone rurale nichée dans les massifs de Jendouba, jouxtant la côte dorsale de l'Algérie voisine.

Ce jour-là, une écharpe de nuages bas très grise enveloppait la crête des hauteurs, une pluie très fine arrosait la terre déjà mouillée et un froid glacial frappait cette région qui était, une semaine auparavant, couverte d'un pied de neige.

Eleves ecole de Zouitina

Il n'est pas facile d'être élève dans ces zones rurales presque coupées de tout.

Les 2 bus venus de Tunis – les malles pleines de couvertures, vêtements chauds, bottes, gants, biscuits, tablettes de chocolats, boites de fromage, bonbons et jouets – se sont arrêtés à cet endroit où la beauté des paysages contraste fortement avec la pauvreté des gens qui y vivent. Le reste du chemin vers Zouitina, la première école à visiter, se fera à pieds.

Les bénévoles, hommes et femmes, escortés des agents de la garde nationale, ont emprunté, comme ils pouvaient, le sentier tortueux, avec des sacs noirs et orange, petits et grands formats, en direction de la petite école perchée en haut de la colline, en faisant, de temps en temps, un petit salut à un vieux paysan ou un petit coucou à une vieille dame tout sourire, contente de cette visite qui promet dons et cadeaux.

Manque eau

Dans ce château d'eau de la Tunisie, l'eau est ce qui manque le plus.

Dans les 6 salles – dont une réservée à l'informatique – de cette école qui compte 77 élèves, l'accueil était très chaleureux. Les élèves, sages comme des images, ont eu droit à un peu d'animation. Merci aux bénévoles d'Orange Tunisie, qui ont appris, avec le temps et au fil des actions sociales, à trouver les mots et les gestes qui donnent de la joie aux petites têtes brunes.

Pour quelques gouttes d'eau

L'un des paradoxes de la région de Jendouba, château d'eau de la Tunisie, c'est qu'elle regorge de sources et de barrages, mais manque horriblement d'eau potable. «Notre grand problème, c'est l'eau. Nous remercions tout de même l'association ''Un enfant, des sourires'' qui a équipé l'école de robinets. Mais en attendant le raccordement de l'école au réseau d'eau potable, les élèves continuent d'apporter leur petite bouteille d'eau. Pendant l'été, c'est horrible, vous n'avez pas idée, les enfants frisent la déshydratation», témoigne Boubaker Jemaï, directeur depuis 5 ans de l'école Zouitina, qui compte 7 institutrices, dont 6 originaires d'Ain Drahem, dans cette zone peuplée de 800 à 1000 personnes tout au plus. Selon le directeur, le niveau scolaire des élèves est très moyen et, en raison des conditions dures et de la pauvreté, ces derniers arrivent rarement à poursuivre leurs études jusqu'au bout.

Asma Ennaifer Ecole Zouitina

Asma Ennaifer : «Le bénévolat renforce la citoyenneté responsable et patriote». 

La caravane emprunte de nouveau la pente, traversée par des versants et des sources, puis le barrage de Barbara, exploité par la Sonede, la Société nationale d'exploitation et de distribution de l'eau (vous avez dit «distribution»?), et, à perte de vue, les prairies et les oueds, presque déserts.

Direction: l'école Habib Rouiï. Ici, comme à l'école de Zouitina, l'entrée est toute en terre. Des dizaines de femmes, agglutinées au mur de la clôture fraîchement élevée, attendent la sortie de leurs enfants. Un petit rayon de soleil arrive péniblement à percer les nuages.

Eleves ecole Zouitina 2

Les écoliers, tout sourire, rentreront à la maison avec des sacs pleins de dons et de cadeaux. 

Un vêtement chaud pour l'hiver

Ces femmes, très peu couvertes et grelottant derrière de froid, ne cachaient pas leur joie de voir leurs petits, mignons comme tout, quittant l'école, bien couverts de manteaux tout neufs, avec des couvertures, des cartons et des sacs pleins de petites gourmandises. «Grâce à la délégation régionale de l'éducation de Jendouba, on arrive, bon gré mal gré, à entretenir les salles. Il est vrai que les murs et fenêtres sont en bon état, mais ce qui manque, c'est l'eau», se plaint Mohsen Choubani, directeur de l'école Habib Rouiï.

En ce qui concerne les fournitures scolaires, c'est l'association «Un enfant, des sourires» qui s'en occupe, «depuis 3 ans pour l'école Zouitina, et depuis 2 ans, pour celle Habib Ourii», ajoute le directeur. «Nous recevons toutes les fournitures scolaires de la 1ère à la 6e année, du stylo, à l'ardoise, aux livres et aux cahiers et cartables», renchérit Boubaker Jemaï, venu chercher Héla, son épouse depuis 6 ans, institutrice à l'école Habib Rouiï. Tous deux se dépêchent pour rentrer à Ain Drahem où les attend leur petit Youssef, âgé de 5 ans.

Familles Ecole Zouitina

Les parents attendent leurs enfants devant la porte de l'école.

La petite bergère aux heures creuses

Dans ce coin perdu, où rien ne cache l'horizon et la vue panoramique, on aperçoit 3 jeunes filles en tablier bleu-marine : deux accompagnent leur camarade de classe au lycée d'Aïn Drahem, qui, en cet après-midi très frisquet, fait la bergère. Tout en gardant le troupeau de moutons, les 3 demoiselles se racontent des histoires de filles. «Nous prenons ensemble tous les jours le bus pour le lycée d'Ain Drahem. On descend jusqu'en bas, car le bus ne peut pas nous récupérer ici. Dans la zone, on se connait tous et on ne craint rien, mais en s'approchant des buissons et massifs, on a parfois la trouille. Car il n'y a pas seulement les sangliers mais nous devons faire très attention des visiteurs étrangers», raconte l'une des filles, qui ne rêve pas de devenir médecin ou institutrice, mais femme d'affaires. «J'aimerai bien monter des usines. Mon rêve est de créer des emplois et de voir nos hommes travailler ici et non ailleurs», ajoute-t-elle avec un sourire timide.

Orange Zouitina

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«Après les opérations menées depuis 2012 à l'école d'Ouled Dhifallah, nous poursuivons nos actions en ciblant les écoles voisines. L'opération ''Daffini'' est une première dans ces 2 écoles auxquelles nous comptons apporter notre aide. Il faut que nous fassions quelque chose pour que les petits aient accès à l'eau potable. Ça va être l'une de nos priorités», indique Asma Ennaïfar, directrice des relations extérieures, du mécénat et de la RSE à Orange Tunisie, qui assure le financement de toute l'opération.

Car chez l'opérateur téléphonique, le bénévolat est devenu une culture. Parmi ses 1200 employés, 200 sont des bénévoles qui prennent part à toutes les opérations de mécénat. «Nous avons créé ce noyau pour sensibiliser notre personnel et le responsabiliser. Le bénévolat renforce la citoyenneté responsable et patriote», ajoute Asma Ennaifar.

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