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Mongia, mère de famille, est victime de violences conjugales. Son mari a tenté de lui arracher les yeux et de lui couper la langue. Elle en a perdu la vue.

Par Yusra N. M'hiri

Les photos de Mongia ont circulé sur les réseaux sociaux. Kapitalis a contacté son oncle maternel, Omar Malek, qui a raconté le drame.

Mongia, 27 ans, originaire de Siliana, habitait à Kairouan, dans la maison familiale de son mari, Mehdi, 33 ans: un homme violent, souvent absent, menant une vie peu rangée, entre alcool et amis de mauvaise fortune.

Leur couple battait de l'aile, mais ayant 2 enfants en bas âge, les deux époux ont décidé de rester ensemble pour leur garçon (2 ans et demi) et leur fille (un an et 3 mois). «Mais en réalité, ma nièce souffrait énormément. Pas uniquement en raison du manque d'affection, elle avait dépassé ce détail, mais parce que son mari se montrait souvent agressif et violent à son égard», confie Omar. Il ajoute: «Elle a choisi de rester pour les enfants... Elle n'aurait pas dû, car cet homme est dangereux».

Omar explique qu'une violente dispute a éclaté avant l'Aïd El-Idha et que Mongia a décidé de rentrer à Siliana, le 3 octobre 2014, mais son époux lui a interdit de prendre les enfants avec elle. «Elle est tout de même rentrée car elle avait besoin de nous, de l'affection de sa famille», raconte-t-il, la voix étranglée par l'émotion. «Trois jours après, le mari est venu, accompagné de sa mère et de son frère, pour récupérer Mongia en promettant que tout allait rentrer dans l'ordre», enchaîne Omar.

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Dans la nuit du mardi 7 octobre 2014, à peine arrivée à la maison conjugale, Mehdi a battu sa femme, pour «lui donner une correction» parce qu'elle est rentrée chez ses parents sans son autorisation et qu'elle raconté ses malheurs à sa famille.

«Il l'a frappée et torturée. Il a tenté de lui arracher les yeux on y enfonçant les doigts... Les enfants étaient témoins de ce terrible spectacle et leurs pleurs et cris ne l'ont pas dissuadé. Il était comme pris par une sourde rage, un tourbillon de violence incontrôlable. Sa mère, au lieu de le dissuader, ne cessait de l'inciter à infliger une correction à son épouse, pour soi-disant l'éduquer... Mongia criait, se débattait, ce qui a mettait encore en colère son bourreau de mari, qui a menacé de lui couper la langue, en essayant de joindre le geste à la parole... La jeune maman a fermé la bouche si fortement qu'elle en a perdu connaissance», raconte Omar.

Samedi 11 octobre, l'hôpital de Kairouan contacte la famille de la victime pour l'informer: «Nous l'avons trouvée dans état désastreux, elle parlait à peine et était couverte de sang...»

«Elle n'a pas été seulement torturée. Elle a échappé à une tentative de meurtre», s'indigne l'oncle.

La famille de Mongia a aussitôt prévenu la police et déposé plainte. La victime est actuellement dans un hôpital de Tunis.

Mardi 14 octobre, les médecins ont formellement annoncé à Mongia qu'elle a perdu la vue. Et ne c'est pas tout : elle vit sous la menace de son époux, actuellement recherché par la police. «On reçoit des menaces quasi-quotidiennes et la famille de l'époux refuse de nous donner les enfants... On s'inquiète pour eux», ajoute Omar. Il espère que la police parviendra à arrêter le bourreau et à le traduire en justice. Mongia ne retrouvera pas la vue pour autant, mais la sanction servira d'exemple en dissuadant d'autres hommes d'agresser leurs épouses.

«J'appelle les témoins, à contacter la police pour dénoncer cet homme. Nous devons récupérer les enfants. Mongia a perdu la vue, il ne faut pas qu'elle perde aussi le fruit de ses entrailles, cela la tuerait. Nous appelons à l'aide», conclut Omar.

 

 

 

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