amina paris 9 1D’une ado incontrôlable à une lycéenne assagie, tel est le nouveau look d’Amina Sbouï qui vient d’atterrir à Paris pour poursuivre ses études. Elle a parlé à ‘‘Marianne’’ de son expérience en prison.

Amina, qui se déclare aujourd’hui féministe athée, a raconté son amère expérience à la prison de Messadine (Sousse) où elle a découvert un autre monde.

Son récit, qui donne la chair de poule, brosse un tableau sans concession de l’univers des prisons tunisiennes, de la mentalité qui y règne et des douloureuses expériences des 45 femmes avec qui la lycéenne a partagé sa cellule.

«On était 45 femmes dans 20 mètres carrés. Quand je suis arrivée dans la cellule, les gardiennes leur avaient dit que j'étais une putain, que j'étais juive, que je voulais que tous les musulmans soient athées», raconte Amina.

«Ça a duré trois jours, poursuit-t-elle, et puis elles ont compris qu'on leur avait menti. Moi aussi, j'ai compris que je ne devais pas avoir de préjugés contre ces détenues. Elles étaient accusées de vol, de prostitution, de se droguer, de meurtre aussi. Les conditions étaient très mauvaises. Un gardien, le chef des gardiennes, un homme, a battu devant moi une prisonnière enceinte. Et son stick s'est cassé sur les hanches de la femme. Et elle a perdu le bébé. Ensuite, elle a été battue sous la douche par trois gardiennes. Et d'autres choses... J'ai vu tout ça, j'ai dit que je dirais tout aux journalistes. C'est à ce moment là qu'elles ont porté plainte».

En attendant de mettre de l’ordre dans sa vie, Amina, perdue de vue depuis fin ramadan, lorsqu’elle apparut au sit-in du Bardo, a été accueillie par une amie à Paris. Elle compte aujourd’hui créer une ONG au profit des prisonnières et se déclare plus que jamais féministe en essayant d’oublier la cause de Femen.

Z. A.