Après les réfugiés politiques, les réfugiés économiques et les réfugiés climatiques, voici venu le temps des réfugiés sexuels. Nesma, une lesbienne libyenne réfugiée en France mobilise la solidarité des pétitionnaires dans toute l’Europe. Qui est Nesma et qu’est-ce qui nous vaut ce brusque accès de célébrité?


Cette jeune fille âgée de 25 ans a fui la Libye en raison de son homosexualité et du fait que sa famille veut la forcer à se marier avec un homme. C’est, en tout cas, ce qu’elle affirme.

Trahie par ses camarades d’université

Le calvaire de Nesma a commencé le jour où elle a confié son plus intime secret à des camarades d’université, il y a trois ans, à Tripoli. Ces derniers ont créé un blog à son nom pour dévoiler son secret, lui prêtant des propos plus outranciers et avilissants les uns que les autres. Pire: une de ses camarades est allée trouver la police afin de la dénoncer ce qu’elle considère comme une déviance sexuelle.
Aux confrères français et membres des organisations qui ont pris son affaire en main en main, Nesma affirme avoir subi des humiliations, des viols et des tortures. Lors de son arrestation, un officier de police l’aurait giflée, accusée de débauche, et affirmé qu’elle est une personne contre la nature et qu’elle méritait la mort selon la loi islamique.
Pour fuir son pays où la loi punit de 3 à 5 ans d’emprisonnement les personnes accusées d’homosexualité, Nesma a tenté à plusieurs reprises d’obtenir un visa français, en fournissant à chaque fois les justificatifs nécessaires, notamment le certificat d’hébergement fourni par des amis français ayant accepté de l’accueillir. Elle était entrée en contact avec eux via le réseau communautaire catholique que sa sœur fréquente.
Désespérée par les services consulaires français à Tripoli, Nesma s’est rabattue sur ceux de l’Italie voisine, avec plus de succès. C’est donc en possession d’un visa italien qu’elle a débarqué à Milan en février et pris le train pour Paris où elle a été accueillie, à son arrivée, par le couple d’amis français qui l’ont emmenée chez eux à Metz. «Elle est très affectée par ce qu’elle a vécu, elle a peur, elle est angoissée à l’idée d’être expulsée vers l’Italie…», confie sa protectrice Sheila.
C’est sur le conseil de cette dernière qu’elle a déposé une demande d’asile en France. La préfecture de Metz, qui a réceptionné sa demande, lui a opposé la règlementation Dublin II qui stipule que sa demande doit être instruite par le pays européen qui a délivré le visa: l’Italie en l’occurrence. Nessma précise cependant que son frère, qui réside dans ce pays, est opposé à son orientation sexuelle et qu’elle craint que l’Italie la force à revenir en Libye.

Un buzz monstre sur Internet

Une pétition est alors diffusée sur le net qui souligne la situation catastrophique des demandeurs d’asile en Italie depuis la signature d’un accord de réadmission avec la Libye et demandent aux autorités françaises d’opposer la clause de souveraineté au règlement Dublin II. La pétition demande également que la France accorde une protection durable à Nesma pour lui permettre de reconstruire sa vie en France.
La jeune femme, qui semble bénéficier d’importants soutiens au sein de la société civile dans l’Hexagone, est convoquée à la préfecture de Metz pour le 25 octobre, où on pourrait lui signifier son renvoi manu militari en Italie. Pour s’opposer à une pareille décision, une manifestation de soutien est prévue le même jour, devant ladite préfecture. L’affaire fait un buzz monstre sur Internet, notamment parmi les réseaux gays et lesbiennes. Bientôt, un livre de témoignage et des émissions de télévision viendront étaler davantage la confiture.
Nesma, la réfugiée sexuelle, car c’en est une, ne semble plus maîtriser son destin. Elle est devenue, à l’insu de son plein gré, un produit médiatique sur lequel des hommes politiques et des chroniqueurs chocs ne tarderont pas de surfer. Et ce seront, comme d’hab., les Libyens, les Arabes et les Musulmans en général qui en prendront pour leur grade.

Y. M.

Lire aussi : Imams homos contre l'exclusion des gays