Avec une espérance de vie de 70-74 ans, une mortalité infantile inférieure à 25‰, une prise en charge des pathologies lourdes par la sécurité sociale et des soins de qualité dispensés par des médecins hautement qualifiés, la Tunisie affiche les meilleurs indicateurs de santé au Maghreb.


C’est ce qui ressort d’un article intitulé «Le Maghreb au stéthoscope» publié par le magazine ‘‘Jeune Afrique’’.

Un bilan impressionnant
L’auteur, qui se base sur les statistiques établies par l’université de Sherbrooke et de l’Organisation mondiale de la santé (Oms), présente un tableau comparatif des systèmes de santé dans les trois pays du  Maghreb central (Algérie, Maroc et Tunisie). Notre pays s’en sort haut la main. «Le bilan d’un demi-siècle de la politique de santé publique en Tunisie est impressionnant», note l’auteur.
Voici, par ailleurs, le comparatif des systèmes de santé par indicateur.

  • Le nombre de médecins pour 1000 habitants (2008) s’élève à 1,3 en Tunisie, 1,2 en Algérie et 0,6 au Maroc.
  • L’espérance de vie à la naissance en Tunisie est de 70 ans pour les hommes et 75 pour les femmes, contre, respectivement, 70 et 74 pour le Maroc et 70 et 72 pour l’Algérie.
  • Le quotient de mortalité infanto-juvénile pour 1000 naissances vivantes est de 23 en Tunisie, contre 37 au Maroc et 38 en Algérie.
  • Les dépenses personnelles de santé par habitant et par an sont de 185 dollars (chiffre de 2008) en Tunisie, 157 en Algérie et 111 au Maroc.
  • Les dépenses publiques de santé en % du Pib (estimation 2009) à 4,3% en Algérie, contre 2% en Tunisie et 1,3%% au Maroc.

Autres atouts su système de santé tunisien relevés : l’éradication de toutes les maladies endémiques, une formation en médecine aux standards internationaux – les médecins tunisiens «sont d’ailleurs les seuls sur le continent (hormis en Afrique du Sud), à effectuer fréquemment des greffes rénales, cardiaques ou de moelle osseuse», note ‘‘Jeune Afrique’’ –, la moitié des 10.000 médecins que compte le pays exercent dans le privé, où la qualité des soins attire des patients des autres pays du Maghreb (Algérie et Libye), d’Afrique subsaharienne et même d’Europe pour certains soins, surtout esthétiques et dentaires, la prise en charge totale par la sécurité sociale des soins très lourds (pour les insuffisants rénaux ou les malades du sida)…

Deux ombres au tableau
Cette avance de la Tunisie sur ses voisins maghrébins s’explique par des raisons  historiques. En effet, «les médecins tunisiens ont réussi, dès l’indépendance du pays, en 1956, à faire de la santé publique un dossier central. Sur tout le territoire des dispensaires sont construits, de larges campagnes de vaccination sont menées, la gratuité des soins est étendue à tous et le régime de sécurité sociale devient obligatoire», contrairement au Maroc où 70 % de la population n’est pas couverte, note encore le magazine. Qui ajoute: «Du fait de la transition épidémio¬logique¬ et du coût des nouvelles maladies, le régime de l’assurance maladie a été réformé en 2008 afin d’améliorer la couverture santé et le remboursement des assurés, et surtout contenir la dérive des coûts.»
Il y a cependant deux ombres au tableau: la Tunisie forme trop de praticiens (600 par an), alors que le nombre de postes hospitaliers à pourvoir chaque année ne dépasse pas les 120 et que l’entrée dans le privé reste difficile. Beaucoup donc de ces nouveaux médecins ne trouvent pas d’emploi et sont contraints de se reconvertir.  
Autre problème, que ne signale pas ‘‘Jeune Afrique’’, mais qui mérite d’être évoqué ici: la mercantilisation galopante des soins médicaux. Certaines cliniques privées opérant de plus en plus comme des entreprises commerciales, les soins n’y répondent pas toujours aux exigences aussi bien sanitaires que déontologiques.

Y. D.