Après une attente de 17 ans, l’Espérance a renoué avec le sacre africain et ira même au mondial des clubs au Japon. Son ex-président, qui a fui en janvier, n’est plus là pour lui mettre des bâtons dans les roues.
Par Marouen El Mehdi
Pourtant, le club a souvent été proche de ce titre, mais il l’a perdu à maintes reprises, surtout lorsque Slim Chiboub était à sa tête.
Avec le gendre de l’ex-président, l’Espérance a pris une dimension sans commune mesure avec le championnat tunisien aux moyens limités. M. Chiboub a tenu à se faire un nom en tenant en main l’un des plus grands clubs du pays, et il a tout fait, grâce à son statut de gendre de «sayed erraïs» (Monsieur le Président) pour écarter les grand noms qui ont fait le passé et le présent de l’EST et se proclamer fondateur d’une nouvelle et grande Espérance, capable de s’imposer au niveau local et surtout sur le plan africain. Pour y parvenir, l’Espérance devait remporter le championnat tunisien et participer à la Ligue des champions. Du coup, tout était devenu tolérable quand il s’agissait de préserver les intérêts de l’Espérance, même si ça se faisait aux dépens des autres équipes. S’ensuit alors une longue période d’hégémonie espérantiste en Tunisie, marquée par une injustice marquante que tout le monde reconnaissait, mais que personne n’osait dénoncer.
Monsieur Gendre fait des siennes
L’Espérance, champion sept fois de suite, a toujours pris part à la compétition africaine, mais à chaque fois, elle a échoué tout près de la ligne d’arrivée, même lorsqu’elle était, de loin, la meilleure équipe du tournoi. On évoquait le mauvais sort à chaque fois que l’équipe de Bab Souika perdait le titre africain, mais pour certains, c’était justice faite au vu de ce que faisait Chiboub pour baliser la route devant son équipe et éliminer par tous les moyens ses plus sérieux concurrents.
A la fédération de football comme chez les présidents des clubs, c’est «Chiboub» qui faisait la loi et gare à celui qui le défiait ! Cette situation a davantage nourri ce sentiment de haine envers l’Espérance, à cause seulement d’un président prétentieux et profiteur. Aussi, à chaque fois que l’EST perdait le titre africain, on se disait que la bénédiction de Dieu ne sera plus là tant que Chiboub resterait aux commandes.
Après lui, les sacres successifs…
Après sa démission forcée – l’ex-président ayant pris ombrage de ses magouilles et de ses ambitions –, M. Chiboub n’a pas lésiné sur les moyens pour essayer de mettre des bâtons dans les roues des présidents qui lui ont succédé, car il voyait d’un mauvais œil un autre président espérantiste réussir là où lui avait échoué. Aussi bien Aziz Zouhir que Hamdi Meddeb en ont bien souffert. Le premier n’a pas beaucoup tenu le coup et il était parti après avoir remporté un doublé qui a beaucoup contrarié l’ex-dictateur espérantiste ; et Meddeb a attendu la révolution et la fuite de M. Chiboub pour pouvoir cueillir le fruit de ses sacrifices.
Le titre africain gagné dimanche par les Sang et Or est fort mérité, mais il y avait aussi cette baraka qui a fui l’équipe depuis de longues années. L’Espérance est devenue plus humaine et la haine du passé a laissé la place à l’admiration. Avec une telle équipe, capable de faire encore mieux et de progresser davantage, la Tunisie aura un représentant rassurant pour le prochain mondial des clubs, prévu dans un mois à Tokyo, et nous voyons l’EST faire aussi bien, peut-être même mieux que l’ESS en 2007.