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Imperturbable, Aerolia-Tunisie poursuit son petit bonhomme de chemin, son carnet de commandes se rallonge de jour en jour et ses ateliers de la zone industrielle de M'ghira du Grand Tunis tournent à plein régime.

Par Marwan Chahla

La révolution a pu causer des troubles, mais il ne s'agissait que de quelques arrêts mineurs. L'entreprise française, installée en Tunisie depuis quatre années, a toutes les raisons du monde d'être optimiste.

De fait, le sort d'Aerolia, leader français des aérostructures et numéro 2 mondial des fuselages d'avions, est lié à ceux d'Eads, Airbus, Bombardier Inc., Sonaca, Sogerma, Latécoère, Embraer, ATR, Dassault, Sabca, Piaggo Aéro, Saab, etc., tous des géants des industries aéronautique et aérospatiale pour lesquels les affaires vont bien. Les contrats de vente signés par toutes ces multinationales ont pour effet logique et immédiat de doper les activités des ateliers de M'ghira d'Aerolia-Tunisie.

L'instabilité sociale et politique de la révolution n'y a rien changé, ou peu de choses –pour le bonheur des 600 employés d'Aerolia Tunisie et ceux de ses sous-traitants installés également dans cette zone industrielle du Grand Tunis. Le fait est ainsi établi: Aerolia-Tunisie est devenu, en quatre courtes années, la seconde destination nord-africaine pour l'investissement dans le domaine de l'aérospatiale, après le Maroc.

«Une belle aventure»

Pour Philippe Le Grégam, responsable de la Communication d'Aerolia, l'expérience de son employeur en Tunisie a été «une belle aventure». Tout a commencé, en 2009, lorsque le groupe industriel European Aeronautic Defense and Space (Eads), entreprise-mère d'Airbus, attiré par un environnement d'affaires intéressant (traduisons, peu coûteux) et favorable aux entreprises, a décidé de créer une filiale en Tunisie pour la production de portes, de «nez d'avions» et de pièces de fuselage.

Le deal a été très vite et très facilement scellé. En dépit de l'opposition des syndicats français, dénonçant cette délocalisation qui faisait perdre des emplois aux ouvriers français, un ensemble industriel flambant neuf a été construit, en l'espace de deux années, sur une surface de 28.000 m2, et inauguré à la veille de la révolution.

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Marzouki en visite aux ateliers d'Aerolia à M'ghira, en mars 2012. 

Malgré les troubles, en tous genres, qui ont suivi la chute de l'ancien régime, Aerolia-Tunisie et les partenaires sous-traitants qui lui ont emboîté le pas à M'ghira ont tenu les promesses faites à leurs clients européens et livré leurs commandes à temps.

L'espace d'une semaine durant laquelle Aerolia-Tunisie, à l'instar de tout le pays, a dû cesser ses activités, les dirigeants de l'entreprise se sont peut-être interrogés sur l'avenir de leur firme dans un contexte qui a changé du tout au tout, avec des sit-ins, des débrayages, des grèves et autres troubles, à tous les coins de rue...

Philippe Le Grégam, évoquant la sérénité avec laquelle son entreprise a abordé les évènements, aime à raconter cette anecdote des lendemains immédiats de la révolution: en réponse à la question d'un jeune ouvrier qui lui demandait ce que la vie pouvait être en démocratie, il lui répliqua tout simplement: «Le réveil continuera toujours de sonner à 6:30 du matin».

Comprenons, donc, que, pour Aerolia-Tunisie, la terre continuera de tourner et que ses ateliers de production à M'ghira devront poursuivre leurs activités.

Un total non-négligeable de 1.300 postes d'emploi

Bien évidemment, le jeu en vaut la chandelle – pour Aerolia, aussi bien que pour la Tunisie. Les ateliers d'Aerolia de M'ghira emploient à eux seuls 600 ouvriers qui produisent des pièces pour montage en France. A M'ghira également, 7 partenaires industriels et logistiques d'Aerolia, y compris notamment l'allemand ThyssenKrupp Aerospace, se sont implantés, générant ainsi 700 autres emplois. Certes, la majorité de ces postes d'emploi restent manuels ou semi-qualifiés, mais la présence d'Aerolia et ses sous-traitants à M'ghira permet à la Tunisie, d'une manière ou d'une autre, d'être impliquée dans un marché très lucratif qui brasse chaque année plusieurs milliards de dollars et qui semble avoir échappé à la crise mondiale.

Pour preuve de ce beau-fixe: jeudi dernier, au Salon de l'aéronautique du Bourget, Airbus a annoncé, à mi-parcours de l'année, qu'il a déjà atteint ses objectifs de commandes pour 2013. Si l'on ajoute à cette bonne nouvelle que le constructeur aéronautique européen se prépare à lancer la production de son long courrier A350, l'on comprend alors aisément les raisons de l'enthousiasme et l'optimisme d'Aerolia et de ses ouvriers, en France et en Tunisie.

*Avec ''Business Recorder'' et ''Deutsche Presse-Agentur''.