La folie des «smartphones» a créé de nouveaux clivages chez les jeunes, entre les adeptes du Blackberry et ceux de l’iPhone, qui se livrent déjà une guerre sans merci.


C’est ce qui ressort d’une récente enquête menée par trois chercheurs français en sciences de l’information, dont les résultats ont été présentés mardi 31 août en marge d’une conférence de presse de l’opérateur de télécommunications Virgin Mobile.

Premier constat de l’enquête: la plupart des utilisateurs de «smartphones» interrogés par les enquêteurs n’utilisent régulièrement qu’au maximum cinq ou six parmi les nombreuses applications téléchargeables sur leurs téléphones (mini-programmes payants ou gratuits). A tout seigneur tout honneur, c’est le réseau social Facebook qui campe en tête de liste.  
Deuxième constat: le terminal téléphonique intelligent a beau être connecté en permanence à Internet, très peu explorent le web via un navigateur (Safari dans le cas de l'iPhone). Les utilisateurs ne surfent pas comme avec leur ordinateur, se contentant souvent d’aller dans une application, puis d’en ressortir pour aller dans une autre.

 

Autre constat : le smartphone est en passe de devenir un marqueur identitaire. Ceux qui en possèdent un se sentent appartenir à une communauté ou à un camp: il y a les ‘‘BlackBé’’, pour BlackBerry, le téléphone de la société canadienne Rim, choisis pour la performance de leur service email et pour l’outil collaboratif ‘‘BBM’’ (envoi de messages à d’autres possesseurs de ‘‘BlackBé’’). En face, on retrouve la «tribu» des ‘‘iPhone’’, qui privilégient le côté innovant du téléphone, apprécient sa riche offre d’applications et son usage plus «collectif»: les enfants utilisent celui de leurs parents, les copains se le font passer entre eux.

blacberry iphone

Entre les adeptes des deux marques, la guerre bat son plein, comme il ya dix ans entre les pro-Mac et les pro-PC. Ceux qui n’appartiennent à aucun des deux clans sont presque à plaindre. Ce sont des arriérés, presque des idiots.   
L’enquête révèle également que l’accès à l’Internet mobile est beaucoup plus utilisé dans des situations statiques, par exemple pour jouer en ligne avec des amis.
Le smartphone ne remplace l’ordinateur, chez les jeunes, que pour des tâches rapides: consulter ses emails, son profil Facebook, regarder les titres de l’actualité… Il aide aussi à faire les réservations nécessaires pour une soirée restaurant ou cinéma.
Enfin, les smartphones, véritables «petites machines à écrire portatives», induisent de nouvelles formes et pratiques d’écriture. Les chercheurs parlent de nouvelles «textualités mobiles». Par exemple, une jeune musulmane note sur son iPhone des invocations pour les dire le soir et une comédiennes ses répliques pour les apprendre.
L’étude a été menée par Olivier Aïm, Laurence Allard et Joëlle Menrath, entre Strasbourg, Paris, et la «cité des 4000» à Aulnay-sous-bois, dans la banlieue parisienne, auprès de quelques dizaines de possesseurs – ou non – de téléphones multimédias.

M. N.