Les Etats membres de l’Union européenne (UE) devraient examiner la question de la reconversion de la dette de la Tunisie, ont estimé des parlementaires européens en visite cette semaine à Tunis.


Une délégation de membres du Parlement européen, la première depuis les élections à l’Assemblée nationale constituante (Anc), le 23 octobre,  vient d’effectuer une visite de travail à Tunis du 2 au 5 avril. Objectifs de la visite: évaluer l’état de la transition démocratique et les besoins en termes de coopération avec l’Union européenne (UE) et l’utilisation des fonds de coopération et d’assistance.

A la suite de ses rencontres avec les membres du gouvernement, les élus de l’Anc et les associations, le président Pier Antonio a déclaré: «Le Parlement européen est disposé à contribuer au développement économique et social de la Tunisie et au renforcement de sa démocratie.»

Le Parlement souhaite un instrument de voisinage plus flexible et proactif. Toutefois, l’approche de l’Institution est que la coopération de l’UE doit se fonder sur un engagement clair des partenaires, notamment sur les questions de bonne gouvernance. A cet égard le renforcement des capacités institutionnelles et de la société civile est essentiel pour soutenir l’action du secteur associatif sans que celle-ci ne se substitue à celle des pouvoirs publics.

Les parlementaires européens ont été reçus par le président de l’Anc Mustapha Ben Jaâfar et ont tenu leur premier échange de vues avec leurs homologues tunisiens sous la présidence de Meherzia Labidi, vice-présidente de l’Anc.

Les parlementaires européens espèrent que les travaux de la Constituante s’effectuent dans les délais et que la future constitution garantisse l’équilibre des pouvoirs, les libertés publiques et les droits individuels, l’intérêt général et obtienne ainsi le plus large consensus au sein de la population tunisienne. Ils ont appelé à la création d’une cour constitutionnelle.

A propos des prochaines élections, les parlementaires européens ont souligné la nécessité de progresser sur la base des dispositions prévues pour les élections à la constituante, en garantissant la parité par exemple. Citant la Tunisie en exemple, M. Gahler, membre de la commission Affaires étrangères et, chef de la Mission d’observation électorale de l’UE a fait valoir que «de bonnes élections relèvent de la volonté politique et pas seulement des capacités techniques».

La Tunisie doit faire face aux demandes de sa population en termes de justice sociale et d’emploi. La coopération de l’UE devrait avoir pour priorité de soutenir les Pme et les secteurs créateurs d’emplois pour les jeunes diplômés.

Au plan de la politique européenne de voisinage, le poids des questions d’emploi devrait être augmenté en termes d’actions et de budget. A l’exemple de l’Allemagne ou des Etats-Unis, les Etats membres de l’UE devraient examiner la question de la reconversion de la dette.

En matière de justice transitionnelle, la poursuite judiciaire de violations flagrantes des droits de l’homme doit permettre d’instaurer la confiance entre le citoyen et le pouvoir judiciaire tunisien. Le droit doit s’appliquer à tous et les manifestations pacifiques ne doivent pas être réprimées avec violence.

Enfin les membres de la délégation du Parlement européen ont appelé les Etats membres de l’UE à répondre avec la plus grande diligence aux demandes rogatoires adressées par le gouvernement tunisien. A cet égard, la nomination d’un coordinateur pour recouvrer les avoirs gelés pourrait être utile.

La délégation du Parlement européen était composée de Pier Antonio Panzeri (président), Michael Gahler, Eleni Koppa, pour la commission des Affaires étrangères, Ingeborg Graessle, Jan Kozlowski, Georgios Stravrakakis, pour la commission des Budgets, Mario Mauro et Carmen Romero Lopez pour la délégation pour les relations avec les pays du Maghreb.

Source : communiqué.