L’interdiction de toute forme de publicité politique est entrée en vigueur aujourd’hui. Il s’agit de garantir l’impartialité des médias et éviter que l’argent ne pourrisse la vie politique.
Les partis les plus portés sur cette pratique, le Parti démocratique progressiste (Pdp) et le Mouvement patriotique libre (Mpl), ont fait un véritable forcing au cours des trois derniers jours en diffusant (presque) en boucle des spots télévisés et radiophoniques. Une manière d’en mettre plein les yeux aux électeurs tant que c’est encore permis.
Limiter l’impact de «l’argent politique»
Cette décision d’interdiction, prise par l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie), vise à garantir la crédibilité de l’opération électorale et l’égalité des chances à tous les candidats, limiter l’impact de «l’argent politique», dont on commence déjà à constater les ravages, et défendre l’indépendance et la neutralité des médias.
Selon la défense de l’Isie, la publicité politique est «l’utilisation par un parti ou une liste candidate, de médias publics ou privés ou d’autres supports publicitaires payants ou gratuits, pour la présentation, au public, des programmes électoraux des candidats». Est également considérée comme publicité politique déguisée «la présentation d’un candidat ou d’une liste électorale au public deux fois de suite en une seule journée, dans le cadre des programmes ou des grilles destinés au suivi des activités des partis et des candidats, ainsi que la promotion de leurs programmes électoraux».
La décision de l’Isie est intervenue suite à l’expansion du phénomène de la publicité politique dans plusieurs médias nationaux et à travers plusieurs supports publicitaires en faveur d’un nombre de partis politiques dotés de moyens financiers énormes. Ce phénomène a perturbé le paysage politique en Tunisie et créé une grande polémique entre les partis et dans les médias.
Le despotisme peut passer par l’argent
Des experts et des spécialistes du secteur de l’information ont mis en garde contre la dégénérescence possible du processus démocratique, amorcé au lendemain de la révolution du 14 janvier, en despotisme à travers l’argent de la politique que le Rassemblement constitutionnel démocratique (Rcd, ex-parti au pouvoir) utilisait pour exercer une hégémonie sur la scène politique et sur les médias.
Bien qu’il n’existe pas une loi interdisant la publicité politique, la décision prise, dans ce sens, par l’Isie, se justifie par le fait que parmi les prérogatives assignées à cet organisme par le gouvernement provisoire et la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution (Hiror), figure la supervision des différentes étapes de l’opération électorale.
Elle se réfère, également, aux approches adoptées dans ce domaine par les dispositifs juridiques des pays qui ont vécu une telle situation et qui ont tous interdit ce genre de publicité à travers les médias, tout au long de la période qui précède la campagne électorale ainsi qu’au cours de la phase de silence électoral et du jour du vote.
Les membres de la Hiror poursuivent l’examen d’un projet de décret-loi portant sur la création de Haute autorité indépendante pour la communication audio-visuelle (Haica), qui interdit, dans l’un de ses articles, la publicité politique aussi bien au cours qu’en dehors de la campagne électorale. Toute violation de cet article est sanctionnée par une amende équivalente au prix du spot publicitaire diffusé. Le montant ne doit, toutefois, pas être inférieur à 10.000 dinars. Pis : l’amende est multipliée par deux en cas de récidive.
I. B. (avec Tap)