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Les drames de l'immigration clandestine se suivent et se ressemblent, face à l'impuissance des Européen et leur «timide» bonne volonté d'accueillir des réfugiés.

Par Marwan Chahla

En l'espace de 2 courtes semaines, près de 1200 immigrés du sud rêvant d'atteindre l'eldorado européen ont péri noyés en Méditerranée. Face à ces drames répétés, l'Union européenne (UE) a décidé «de faire plus» pour que ces désespérés de la Terre ne viennent plus troubler sa conscience.

Réunis en sommet, jeudi 23 avril 2015 à Bruxelles, les chefs d'Etat et de gouvernement des 28 pays de l'UE savaient que la communauté internationale attendait d'eux une réponse forte après l'un des pires naufrages de migrants en Méditerranée, la semaine dernière: 800 morts et 27 rescapés, seulement, d'un chalutier conduits par 2 passeurs.

Migrants clandestins

Les embarcations du désespoir qui pullulent chaque jour de l'année.

Pour le reste, on verra...

Répondre à l'urgence, sauver donc les migrants des eaux méditerranéennes, réprimer les trafiquants et mieux accueillir ceux qui ont échappé à une mort certaine en atteignant les côtes européennes – tels étaient les objectifs que l'UE s'est fixée pour ce sommet de Bruxelles. Pour faire face à l'urgence, les décideurs européens ont tenté d'apporter une réponse forte. Quant au reste, qui s'avèrera, très certainement dans peu de temps, être l'essentiel du problème, l'UE continue toujours de cultiver le flou et à faire montre d'une «frilosité glaciale».

Les Européens avaient comme priorité de «sécuriser la Méditerranée» et, sur ce chapitre, ils ont été plus loin que ce qui était initialement prévu, en décidant de tripler le budget de l'opération Triton(1) chargée de la surveillance maritime et du secours des embarcations du désespoir qui pullulent chaque jour de l'année – désormais toutes les saisons confondues. Plusieurs pays de l'UE ont annoncé illico presto des contributions supplémentaires en navires et aéronefs. Cependant, cette décision n'a fait qu'élever le budget de l'opération Triton au même niveau que celui de Mare Nostrum(2), l'opération italienne à laquelle elle a succédé.

L'UE a également décidé de détruire et de couler systématiquement les navires utilisés par les passeurs. L'intention est de demander une résolution onusienne, en ce sens, qui pourrait avaliser une action la plus large possible, puisque le but est de détruire toutes les «embarcations de fortune» avant même qu'elles prennent la mer.

Francois Hollande et les migrants

François Hollande: La France prendrait sa part des 5000 réfugiés, 500 ou peut-être 700.

Une bonne volonté timide

Pour ce qui est des migrants eux-mêmes, la volonté européenne s'est, une fois de plus, exprimée contre le trafic d'êtres humains et l'immigration illégale, en renvoyant en particulier dans leurs pays d'origine tous ceux d'entre les migrants qui n'auraient pas droit au statut de réfugiés politiques.

A part une déclaration d'intention, aucune décision tangible n'a toutefois été prise, à ce sommet de Bruxelles, sur la question de l'accueil des réfugiés et de leur répartition entre les pays européens.

A titre d'illustration de la timide bonne volonté des Européens sur ce dossier de l'accueil des réfugiés, l'exemple de la France est édifiant: alors qu'il était proposé aux membres de l'UE qu'ils s'entendent pour accueillir chacun 5000 réfugiés, auxquels serait accordé l'asile politique(2), le président français François Hollande a déclaré que son pays en prendrait sa part, avec 500 ou peut-être 700 seulement.

Ceci est une maigre contribution que semble dicter la montée de la droite xénophobe un petit peu partout en Europe. Depuis très longtemps déjà, la question de l'immigration, dans tous les pays de l'UE, a figuré «en bonne place» dans les agendas électoraux de partis politiques européens, de droite comme de gauche – très souvent pour le pire des immigrés et très rarement pour le meilleur!

Notes:

(1) et 2) L'opération Triton est une opération de l'agence Frontex, présentée le 4 septembre 2014 et débutant le 1er novembre 2014. C'est une opération censée soutenir l'Italie pour faire face à l'afflux de migrants par voie maritime. L'opération avait été annoncée par Cecilia Malmström sous le nom de Frontex sur demande du gouvernement italien de Mattéo Renzi, pour remplacer l'opération italienne Mare Nostrum qui s'est terminée le 31 octobre 2014.

(3) L'an dernier, plus de 680.000 demandes d'asile ont été déposées auprès des pays de l'UE... Faites, donc, vous-mêmes le calcul.

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