Rached Kheriji alias Rached Ghannouchi

Rached Ghannouchi avoue avoir été piégé par les salafistes qui, il n'y a pas si longtemps, lui rappelaient sa propre jeunesse. Une demi-vérité, donc un demi-mensonge!

Par Marwan Chahla

Interrogé, aujourd'hui, dimanche 5 avril 2015, par nos confrères du quotidien ''Al-Chourouk'', le président du parti islamiste Ennahdha a tout mis sur le dos de «sa sincérité» (un Ghannouchi sincère, on le sait, en cache toujours un autre!) – et «la candeur» de toute la société tunisienne – pour expliquer la montée de l'extrémisme salafiste et le danger que le jihadisme représente, aujourd'hui, pour la Tunisie.

Pour Rached Ghannouchi, «ce mouvement n'était pas net. Les salafistes ont induit en erreur toute la société tunisienne – sous couvert de leur da'wa et leurs œuvres caritatives. Par la suite, l'on s'est rendu compte qu'ils se préparaient, eux-mêmes, qu'ils encadraient et entraînaient leurs affiliés, en mettant à profit la situation de désordre qui régnait dans le pays et en exploitant la frustration politique et sociale de la population... A présent, la vérité a éclaté au grand jour: ils (les salafistes, Ndlr) ne trompent plus personne et la société toute entière est mobilisée pour leur faire face.»

A qui est-ce que le septuagénaire «gourou» de Montplaisir (quartier de Tunis où se trouve le siège d'Ennahdha), souhaiterait-il faire accepter qu'il a, d'un seul coup, réalisé que «ses enfants» salafistes (c'est ainsi, en tout cas, qu'il les qualifiait lui-même) «ont abusé» de sa confiance et «profité» de son affection paternelle?

A qui est-ce que le «magicien nahdhaoui» voudrait-il faire croire que la page des jihadistes, «des sportifs qui s'adonnent au jogging sur le Mont Chaambi pour réduire leur cholestérol» (selon l'explication fournie par Khaled Tarrouche, l'ex-porte-parole du ministère de l'Intérieur, Khaled, sous le règne du gouvernement islamiste de Hamadi Jebali) est bel et bien tournée? Et les mosquées qu'ils ont conquises et qu'ils dominent encore... Et l'attaque de l'ambassade des Etats Unis, le 14 septembre 2012... Et les assassinats des dirigeants de la gauche Chokri Belaïd et de Mohamed Brahmi... Et prédicateurs wahhabites invités par des dirigeants d'Ennahdha pour embrigader les jeunes tunisiens! Et les expéditions jihadistes organisées vers l'Irak, la Syrie... etc.

Nous en avons certainement oublié de ces actes de la terreur salafiste. Nos lecteurs compléteront.

Il y a, cependant, une explication au laxisme des islamistes d'Ennahdha vis-à-vis des extrémistes religieux en général et des salafistes jihadistes en particulier, et que M. Ghannouchi (ô le candide !) évite d'apporter: lui et les autres dirigeants d'Ennahdha considéraient ces extrémistes comme des alliés idéologiques et comme une réserve électorale. Ils les utilisaient comme un épouvantail pour faire peur aux Tunisiens et pour se présenter, eux-mêmes, au regard des Occidentaux, comme des... «modérés». Ce qu'ils n'ont jamais été et que leur histoire, leurs actions et leurs textes fondateurs démentent.

L'aveu de Ghannouchi rappelle aux Tunisiens celui de Ben Ali, la veille de sa fuite en Arabie saoudite : «On m'a induit en erreur!»

Illustration: Peut-on croire Rached Kheriji alias Rached Ghannouchi?

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