Tunisiens et Libyens manifestant apres la chute de Kadhafi

Selon un récent sondage, 90% des Tunisiens pensent que la crise en Libye a des répercussions négatives sur l'économie et la sécurité de la Tunisie.

Par Zohra Abid

Le nombre de Libyens vivant en Tunisie a triplé depuis 2012 pour atteindre 1,5 million. Sans compter ceux qui font la navette pour des soins de santé ou le commerce.

A cause de la guerre civile qui s'installe dans leur pays, des centaines de milliers de ressortissants libyens se sont réfugiées (et continuent à trouver refuge) en Tunisie.

Au lendemain de la chute de Kadhafi, en août 2012, leur nombre était de 500.000. Peu d'entre eux sont rentré dans leur pays à cause de l'instabilité qui y règne. Beaucoup les ont rejoints au cours des deux dernières années.

«La situation est tellement instable et confuse que beaucoup de Libyens continuent de fuir leur pays. La majorité d'entre eux trouvent refuge chez nous», a indiqué, Taïeb Baccouche, ministre des Affaires étrangères, lors d'une conférence de presse, aujourd'hui, 2 avril 2015, à Tunis.

Si les Libyens vivant en Tunisie dépensent beaucoup d'argent et contribuent à la dynamisation de certains secteurs économique (immobilier, cliniques privées, commerce, etc.), ils participent aussi à la hausse des prix à la consommation.

Beaucoup de Tunisiens appréhendent également la présence, parmi les réfugiés libyens, d'éléments extrémistes religieux appartenant aux groupes islamistes de Fajr Libya ou même à Ansar Charia et à l'Etat islamique (Daêch).

L'arrestation de nombreux Libyens en possession d'armes, liés aux groupes terroristes ou s'adonnant au trafic d'armes et de stupéfiants n'est pas de nature à arranger les choses.

Selon une étude effectuée, fin mars, par le cabinet de sondages Sigma Conseil, 37,7% des Tunisiens demandent au gouvernement de ne plus accepter l'installation des Libyens en Tunisie, 14,3% lui demande de rompre les relations avec la Libye, alors que 90% pensent que la crise en Libye a des répercussions négatives sur l'économie et la sécurité de en Tunisie. Ambiance...

Le gouverement tunisien, pour sa part, continue de marcher sur des oeufs. Il fait de son mieux pour ménager les susceptibilités de ses voisins du sud, de garder le contact avec toutes les parties prenantes de la crise libyenne, y compris les islamistes de Fajr Libya, de faciliter le dialogue inter-libyen en vue d'une solution politique qui rétablisse l'ordre et la stabilité dans ce pays... tout en s'employant à protéger son territoire et sa population des éventuelles menaces en provenance de ce pays, sachant que plusieurs chefs terroristes tunisiens sont établis dans les régions de Derna et Syrte, et qu'ils considèrent la Libye comme une base arrière pour attaquer la Tunisie. 

La Tunisie, qui ne cache pas son opposition à une intervention militaire internationale en Libye, qui compliquerait la situation dans ce pays, mise sur une solution pacifique négociée qui rende à la Libye sa vocation historique de marché pour les produits, les entreprises et la main d'oeuvre tunisiens.    

Illustration: Tunisiens et Libyens fêtant à Tunis la chute du régime de Kadhafi.

{flike}