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Deux jours après l'attentat au musée du Bardo (23 morts, 47 blessés), les Tunisiens ont fêté le 59e anniversaire de l'indépendance sous le signe de la lutte antiterroriste.

Par Yüsra N. M'hiri

Vendredi 20 mars 2015, des centaines de citoyens se sont rassemblés, spontanément et sans l'appel d'aucun parti, à l'Avenue Habib Bourguiba à Tunis, pour fêter l'indépendance de leur pays, proclamé le même jour, il y a 59 ans. Mais aussi pour se montrer unis et solidaires et, surtout, déterminés à lutter contre le terrorisme.

Un défi lancé aux terroristes

Encore sous le choc du drame du mercredi 18 mars, les foules descendues au centre-ville de la capitale ont voulu, en faisant la fête malgré la douleur, démontrer leur force et leur courage. «Nous ne sombrerons pas dans l'angoisse et la peur. C'est ce que veulent les terroristes, mais ils n'y parviendront pas», disent les manifestants, en brandissant le drapeau national et des pancartes condamnant le terrorisme.

Majorettes à la fête de l'Indépendance

Les majorettes aux couleurs du drapeau national.

L'Avenue Habib Bourguiba s'est transformée, pour l'occasion, en une immense scène de théâtre à ciel ouvert: musique, chants, défilé de majorettes, animations diverses, youyous de femmes, danses, chants... La fête était vraiment au rendez-vous.

Malgré le deuil des morts inutiles enregistrées deux jours auparavant, des citoyens, de tous âges, se montraient gais et souriants, comme pour répondre à la barbarie terroriste, à l'obscurantisme laid et ombrageux et à l'aigreur qui anime tous les extrémismes. Ils voulaient aussi, face à la menace de la mort agitée par les porteurs d'étendards noirs, montrer leur attachement à la vie et leur détermination à lutter contre le terrorisme et l'ignorance crasse qui le nourrit et se battre pour que la Tunisie reste debout.

Fête de l'Independance : Non au terrorisme

La fête de l'indépendance est célébrée, cette année, sous le signe de la lutte antiterroriste.

«Ce n'est pas une démonstration de force, c'est plutôt une preuve de joie, de courage et d'amour pour la patrie. On n'a pas peur. Unis, nous gagnerons cette lutte», scandent les activistes de la société civile, en agitant le drapeau tunisien, le seul à avoir, aujourd'hui, droit de cité.

Les agents de l'ordre étaient à l'honneur, les enfants les embrassaient, les plus âgés les félicitaient et les remerciaient pour les sacrifices consentis au service de la sécurité des Tunisiens. «Nous vous soutenons, vous êtes vaillants et courageux. Tout le peuple est derrière vous dans cette lutte», leur lançaient des passants.

Hommage des enfants aux agents de l'ordre

Les enfants rendent hommage aux agents de l'ordre.

Vers 13 heures, le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli, quitte son bureau et prend, à pieds, la direction des souks de la médina. Interrogé sur la situation sécuritaire dans le pays, Il a répondu: «Que dire de plus, lorsque je suis en ville, au milieu de la foule, n'est-ce pas là un message?», avant de disparaitre dans les souks, escorté par ses gardes du corps.

«Nous irons au musée du Bardo dès sa réouverture»

Au milieu des citoyens, en fête, des touristes étrangers qui se sont joints à la marche, tout en soulignant le courage du peuple tunisien. «Depuis la révolution de 2011, nous avons bien compris que les Tunisiens sont courageux et savent lutter pour les bonnes causes. Vous avez dégagé un dictateur et édifié votre démocratie. Les braves n'abandonnent pas, et vous allez gagner votre combat contre le terrorisme», confie Betty à Kapitalis, une touriste américaine, venue de sa Californie natale, il y a 3 jours. Elle semblait heureuse de vivre, aux côtés de ses hôtes, un moment de grande émotion. «Le terrorisme est un phénomène mondial. Le monde entier doit s'unir pour le combattre», ajoute-t-elle.

Le ministre Gharsalli se mêle à la foule

Le ministre de l'Intérieur Najem Gharsalli se mêle à la foule.

Interrogée sur son sentiment après l'attaque terroriste au musée du Bardo, Betty répond en souriant: «Même pas peur ! Nous avons d'ailleurs décidé de nous rendre au musée du Bardo, dès sa réouverture. Vive la culture, vive la démocratie et vive la Tunisie», lance-t-elle. Sa compatriote Peggy s'est empressée d'ajouter: «Nous vous soutenons. Non, la Tunisie n'est pas finie!», en réponse au malencontreux titre utilisé après l'attaque terroriste du Bardo, par le quotidien français ''Libération'' et qui a beaucoup choqué les Tunisiens.

Des touristes se mêlent aux Tunisiens

Les Américaines Betty et Peggy, venues il y a 3 jours de Californie, défilent aux côtés des Tunisiens contre le terrorisme.  

Pour le reporter, la marche ne pouvait mieux se terminer que par cette note positive. En quittant l'avenue Habib Bourguiba, on garde en mémoire les interminables youyous des femmes âgées, les danses déchainées des jeunes, les drapeaux envahissant joliment la rue, l'hymne national entonné par des centaines de citoyens et les «Vive la Tunisie» et «No Pasaran», adressés aux terroristes, comme pour leur montrer qu'un peuple n'est jamais aussi fort que quand il se trouve face à l'adversité.

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