Beji Caid Essebsi discours du 20 mars 2015

Le chef de l'Etat a lancé, aujourd'hui, un appel solennel à la réconciliation nationale pour permettre à tous les Tunisiens de contribuer au l'oeuvre de redressement.

Par Imed Bahri

Dans le discours qu'il a prononcé, vendredi 20 mars 2015, au Palais de Carthage, à l'occasion du 59e anniversaire de l'indépendance, le président de la république, Béji Caïd Essebsi, a appelé à l'unité et à la réconciliation nationales pour affronter les défis de la lutte antiterroriste et de la relance économique.

Une leçon d'histoire

Le président de la république, qui a choisi de s'adresser aux jeunes, «qui ont moins de 50 ans», a-t-il précisé, pour leur rappeler les étapes par lesquelles la Tunisie est passée pour arriver à l'indépendance et édifier un Etat moderne, ainsi que les sacrifices consentis par des générations de Tunisiens, les militants nationalistes Habib Bourguiba, Mongi Slim et Salah Ben Youssef, mais aussi les martyrs tombés sur la voie de la liberté et de la souveraineté, notamment Farhat Hached et Hedi Chaker.

Beji Caid Essebsi 20 mars 2015

Au moment de prendre un tournant décisif de son histoire, celui de la construction d'une démocratie apaisée, avec une nouvelle constitution, un parlement élu de manière libre et transparente, un gouvernement disposant d'une confortable majorité et un président de la république élu au suffrage universel, notre pays est frappé au coeur par un attentat terroriste et doit faire face à une grave crise économique. Aussi pour espérer triompher du terrorisme, relancer son économie, donner du travail aux chômeurs et développer les régions intérieures, la Tunisie a-t-elle besoin, aujourd'hui, de la solidarité et de l'unité de tous ses enfants, qui doivent mettre la main dans la main, a insisté le chef de l'Etat.

Dans ce cadre, il a appelé les Tunisiens à «aller de l'avant dans le sens de la réconciliation nationale, qui garantit le droit de tous et ouvre la voie à la contribution sérieuse à l'édification nationale grâce à la levée de tous les obstacles devant les hommes d'affaires», notamment ceux d'entre eux qui sont privés de leurs passeports et interdits de voyager, «afin qu'ils reprennent leurs activités après les accords nécessaires et les arbitrages des juristes.»

Beji Caid Essebsi à la  Fête de l'Indépendance

Le chef de l'Etat salue le drapeau national et passe en revue un détachement de l'armée.

La réconciliation économique

Le président s'est empressé cependant de préciser que la réconciliation ne doit pas se faire aux dépens de la justice. «Ceux qui ont commis des crimes et des abus doivent en répondre devant la justice», a-t-il souligné, tout en insistant sur l'importance de «la réconciliation économique, qui est une composante vitale de la réconciliation nationale globale», ainsi que sur son attachement à «la bonne conduite de la justice transitionnelle», en oeuvrant pour qu'elle «ne se transforme pas en une justice sélective», car «le pays n'est plus en mesure de supporter ni les surenchères ni les rancunes», a-t-il insisté sous les applaudissements d'une bonne partie des présents.

M. Caïd Essebsi, qui a rappelé les difficultés économiques actuelles et que le dernier attentat au musée du Bardo risque d'aggraver, a appelé les travailleurs – «qui n'aiment plus travailler» (sic !) – à se mobiliser pour aider à la relance de la machine productive et les chefs d'entreprises – dont beaucoup hésitent encore à s'engager – à reprendre confiance en leur pays et à investir de nouveau pour relever le défi de la reprise économique.

«Nous devons d'abord compter sur nous-mêmes, mais nous attendons aussi beaucoup sur beaucoup de nos amis qui ont exprimé la volonté de nous aider et de nous soutenir dans cette phase difficile de notre histoire», a dit M. Caïd Essebsi, tout en soulignant la volonté du gouvernement conduit par Habib Essid de mettre en oeuvre toutes les réformes préconisées, à commencer par le cadre réglementaire de l'investissement et le système bancaire qui doivent mieux accompagner les besoins des opérateurs économiques.

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