Taieb Baccouche à Bruxelles Banniere 

La 11e session du Conseil d'association Tunisie-Union européenne, tenue mardi 17 mars 2015 à Bruxelles, a été l'occasion d'étudier les moyens de relancer le partenariat entre les deux parties.

Par Wajdi Khalifa, correspondant à Bruxelles

Cette session, à laquelle a pris part une délégation tunisienne présidée par le ministre des Affaires étrangères Taieb Baccouche, a été l'occasion pour les deux parties de faire le bilan de leur coopération multidimensionnelle depuis la précédente session du Conseil d'association, qui s'était tenue le 14 avril 2014 à Luxembourg, et d'examiner la vision future de leurs relations et les perspectives de leur partenariat.

Taieb Baccouche et Mogherini

Taieb Baccouche et Federica Mogherini.

Consolidation des acquis démocratiques

Dans le cadre de la préparation de ce Conseil d'association, un conseil ministériel s'est tenu, jeudi dernier au Palais de la Kasbah, sous la présidence du chef du gouvernement, Habib Essid, afin de passer en revue les différents domaines de coopération pour répondre aux attentes et aux objectifs communs.

Le Conseil d'association de ce jour a été coprésidé par Federica Mogherini, haute représentante de l'Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, et Taieb Baccouche, ministre tunisien des Affaires étrangères. La Commission européenne était représentée par Johannes Hahn, le Commissaire européen responsable de la Politique européenne de voisinage, qui a annoncé une visite de travail en Tunisie à la fin avril.

Il s'agit du premier Conseil d'association depuis les dernières élections législatives et présidentielles en Tunisie. Le chef de la diplomatie tunisienne a précisé qu'il intervenait dans le contexte particulier de consolidation des acquis démocratiques en Tunisie et salué l'intérêt qu'accorde l'UE au renforcement des liens de coopération bilatéral.

Taieb Baccouche à Bruxelles

Du côté de l'UE, Mme Mogherini a souligné l'importance du partenariat stratégique liant la Tunisie et l'UE et assuré Tunis du soutien de Bruxelles au processus de transition démocratique engagé par la Tunisie au lendemain de la révolution de janvier 2011.

L'UE a réitéré sa disposition à accompagner la Tunisie en appuyant ce processus, notamment à travers le Plan d'action 2013-2017 dans le cadre de la Politique européenne de voisinage (PEV). Dans le contexte de la volonté de procéder à la révision de cette PEV pour mieux l'adapter aux besoins de ses partenaires, l'UE a renouvelé son engagement à consolider un partenariat privilégié avec la Tunisie. A ce titre, les instances européennes ont invité la Tunisie à contribuer au processus de réflexion de cette révision, et à participer à la réunion ministérielle informelle qui se tiendra dans cette optique, le 13 avril prochain, à Barcelone.
Poursuite des négociations sur l'Aleca

Sur le volet socio-économique, l'UE a réaffirmé son souhait de poursuivre les négociations en vue de la conclusion d'un accord de libre-échange complet et approfondi (Aleca). Cet accord global, qui vise au rapprochement économique par l'intégration progressive de l'économie tunisienne dans le marché intérieur européen, a suscité certaines craintes des opérateurs économiques tunisiens qui perçoivent cet accord comme un diktat.

Le Conseil d'association a été également l'occasion pour les deux parties de signer le Protocole d'accord d'association relatif à la participation de la Tunisie au programme communautaire.

En matière de migration, l'UE s'est félicitée de la reprise prochaine des discussions en vue de la mise en œuvre de la «Déclaration conjointe établissant un Partenariat pour la mobilité entre la Tunisie et l'UE et des Etats membres», signée le 3 mars 2014, et rappelle sa disponibilité à entamer des négociations sur la facilitation des visas et sur un accord de réadmission.

Interrogé sur la position de la Tunisie quant à la proposition européenne de l'implantation dans notre pays de centres de détention pour immigrés illégaux, M. Baccouche a estimé que la question n'avait pas été évoquée lors de ce Conseil d'association et qu'il s'agira de voir les modalités d'application de cette mesure lorsque celle-ci sera éventuellement soulevée.

Dimitris Avramopoulos, Commissaire européen aux Migrations et Affaires intérieures avait, en effet, annoncé, jeudi 12 mars à Bruxelles, à la sortie d'une réunion des ministres de l'Intérieur de l'UE, qu'il comptait se rendre prochainement en Tunisie pour y proposer l'implantation de centres de détention pour immigrés clandestins.

Cette idée de «bagnes» à immigrés clandestins, qui seraient placés dans notre pays mais aussi dans les autres pays de la rive sud de la Méditerranée, a été envisagée par la Commission européenne comme solution pouvant endiguer les flux des clandestins, qui assaillent les côtes sud de l'Europe.

Taieb Baccouche et Didier Reynders à Bruxelles

Taieb Baccouche reçu par Didier Reynders à Bruxelles.

Lancement du Groupe des Amis de la Tunisie

En marge de ce Conseil d'association Tunisie-UE, il a été procédé au lancement du Groupe des Amis de la Tunisie au Parlement européen. En mai 2010, une initiative semblable de création d'un «Groupe des Amis de la Tunisie» au sein du Parlement européen avait déjà abouti. Mais ce groupe d'amitié visait à mettre en avant la vitrine officielle du régime de Ben Ali et n'a donc pas pu survivre à la révolution de janvier 2011.

Lors de son déplacement à Bruxelles, le chef de la diplomatie tunisienne a également rencontré son homologue belge Didier Reynders. Lors de cet entretien, il a été question des relations bilatérales entre la Tunisie et la Belgique, ainsi que des développements politiques régionaux, notamment en Libye.

La visite de travail de Didier Reynders à Tunis, prévue pour début mai, a aussi été abordée. Les relations entre les deux pays, qui remontent à 1839, devraient connaître un net sursaut avec le lancement récent du Conseil tuniso-belge d'affaires économiques et culturelles, présidé par l'homme d'affaires belgo-tunisien Mahmoud Ben Abbes.

{flike}