Nahdhaouie-critique-Ennahdha-en-ItalieUne dame nahdhaouie a durement critiqué le gouvernement de la «troïka» et les dirigeants d’Ennahdha lors d’un meeting du parti islamiste en Italie. Vidéo.

La femme est tunisienne, exilée volontaire en Italie depuis que son fils a disparu en tentant de rejoindre l’Europe au cours d’une opération d’immigration clandestine.

Elle a pris part à un récent meeting d’Ennahdha, présidé par Abdellatif Mekki, membre du Majlis Choura et ex-ministre de la Santé sous le gouvernement de la «troïka» (décembre 2011-janvier 2014).

La dame a dénoncé les promesses non tenues des dirigeants islamistes, Rached Ghannouchi, Hamamdi Jebali, Maherzia Labidi et les autres. Elle a rappelé qu’Ennahdha n’a pas fait la révolution mais qu’elle l’a confisquée, puisque la plupart de ses dirigeants étaient confortablement réfugiés à l’étranger lorsque les jeunes chômeurs ont déclenché de la révolte populaire du 17 décembre 2010-14 janvier 2011. Et que leurs mamans souffraient le martyre avec eux.

«Seul un dirigeant d’Ennahdha nous a aidées, nous les mamans dont les enfants sont portés disparus… Je ne citerai pas son nom, d’autant qu’il est écarté aujourd’hui du parti», a-t-elle souligné, dans une allusion limpide à Hamadi Jebali.

L’un des présents a tenté d’interrompre la dame, mais elle l’a arrêté net, lui rappelant qu’en démocratie, chaque citoyen est libre de s’exprimer. «Tu n’es pas plus brave que les hommes et des femmes qui sont là, qui ont souffert et pleuré tous les soirs à cause de l’injustice qu’ils ont vécu, alors tais-toi et laisse-moi dire la vérité… Je le fais par respect pour Ennahdha et par amour pour mon pays», lui a-t-elle lancé.

La dame a aussi accusé le président provisoire Moncef Marzouki de n’avoir rien fait pour essayer de retrouver les jeunes tunisiens disparus en Italie. Alors qu’il a fait libérer, par ses grâces présidentielles, des personnes qui ne le méritent peut-être même pas. «Un président qui fuit. Le président de la troïka s’est enfui, dès qu’il nous a vus, nous les parents des jeunes disparus», a-t-elle dit.

«Rien n’a changé, les figures de l’ancien régime sont encore là, le chômage, la faim et l’anarchie sont encore là, et la troïka n’a rien fait», s’est encore indignée la mère du disparu.

La femme, aux bords des larmes, parle avec ses tripes. Elle demande à Abdellatif Mekki des explications sur ce qui s’est passé à Bab Souika (par allusion à l’attentat terroriste de 1991, attribué aux islamistes d’Ennahdha, NDLR), au lieu de faire de longs discours sur le terrorisme et prétendre lutter contre ce fléau.

Le membre de Majlis Choura, qui n’osait même pas regarder la dame en face, a passé un mauvais quart d’heure, tête et yeux baissés, faisant semblant de prendre des notes.

Y. N. M.

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