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Des Tunisiens résidents en France se sont fait agresser, samedi dernier, à Paris, par les agents de sécurité d'Ennahdha. Ils étaient venus protester contre Rached Ghannouchi.

Par Yüsra N. M'hiri

Le bureau d'Ennahdha en France a organisé, le samedi 21 juin, un meeting, au Palais des Congrès de Montreuil, à Paris, présidé par le leader du parti islamiste Rached Ghannouchi, et avec la participation d'autres dirigeants du mouvement, notamment la vice-présidente de l'Assemblée Maherzia Laabidi et le député Ennahdha Ameur Larayedh.

Anis Mansouri a organisé, le même jour et en parallèle, un rassemblement de protestation contre la politique d'Ennahdha, après avoir obtenu une autorisation des autorités françaises.

Or, les choses ne se sont pas déroulées comme prévu: des agents de sécurité d'Ennahdha ont agressé les protestataires. Ils ont aussi arraché et déchiré leurs affiches et pancartes et essayé d'empêcher la tenue du rassemblement.

Anis Mansouri a déposé une plainte auprès des autorités contre l'Association des Tunisiens pour la démocratie et le développement (ATDD), co-organisatrice du meeting.

Contacté par Kapitalis, Anis Mansouri témoigne de la violence qu'il a subie avec ses camarades. «Ils ont détruit les affiches et les pancartes et m'ont agressé physiquement. Ils ont aussi agressé d'autres personnes venues prendre part au mouvement de protestation», s'indigne-t-il. Il ajoute: «Ils ont même formulé des menaces, utilisant le mot massacre».

L'activiste politique indique aussi que l'ATDD n'est qu'une «vitrine du parti Ennahdha» en France, ajoutant que cette association est responsable des débordements qui ont eu lieu samedi dernier.

Meeting-Ennahdha-Paris

Ennahdha renoue avec les méthodes du RCD, en Tunisie comme en France: clientélisme et barbouserie. 

«Ce n'est pas la première fois que j'organise un rassemblement ou une action pour la Tunisie, mais c'est la première fois, depuis l'époque Ben Ali, que nous nous sommes fait agresser! S'ils veulent nous intimider par la violence, ils seront chassés par notre résistance», a-t-il conclu.

Par ailleurs, le Comité pour le respect des libertés et des droits de l'Homme (CRLDHT), basé à Paris, a dénoncé, aujourd'hui, dans un communiqué, «l'usage de la violence par des milices d'Ennahdha» et condamné l'agression des Tunisiens qui ont pris part à un simple mouvement protestation pour exprimer leur opinion d'une manière pacifique.

«C'est une entrave à la liberté de manifester qui fait régner un climat de violence à la veille des échéances électorales prévues en Tunisie. Ces méthodes d'intimidations, de violences et de menaces nous rappellent amèrement celles jadis utilisées par les hommes de main et les sbires de Ben Ali et de l'ex-RCD», lit-on dans le communiqué.

Le CRLDHT a aussi exprimé sa solidarité avec les Tunisiens agressés et met en garde contre toute forme d'entrave à la liberté d'expression, d'organisation et de réunion tant en Tunisie qu'en France.

Le comité exprime aussi sa solidarité avec Anis Mansouri, tout en appelant les démocrates à la plus grande vigilance contre toutes les violences qui viendraient entraver le déroulement des prochaines compagnes électorales.

Ennahdha a réuni, ce jour-là, près de 400 partisans, majoritairement barbus et moustachus.

Lors du meeting, des drapeaux égyptiens ont été agités et des appels à la libération des Frères musulmans incarcérés dans ce pays ont aussi été scandés.

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