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A deux jours de sa rencontre avec Obama, le ''Washington-Post'' et le ''New-York Times'' n'ont consacré aucune ligne à Mehdi Jomaa.

Par Moncef Gouja

Dans une interview accordée à l'envoyé spécial de spécial de Mosaïque, mercredi après-midi (heure tunisienne), Mehdi Jomaa a tenu à tempérer les ardeurs des Tunisiens qui semblent accorder une importance cruciale à son voyage aux Etats-Unis. Importance exagérée par la situation catastrophique des finances publiques qui, selon un quotidien de la place, peut conduire l'Etat à ne pas verser les salaires et les retraites des mois prochains.

Une improbable une aide financière

Tout le monde croit, à tort ou à raison, que le Premier ministre, lors de son voyage pour les pays du Golfe ou pour les Etats-Unis, va surtout demander une aide financière urgente, pour pouvoir boucler le budget de 2014, sachant qu'il lui faut environ 12 milliards de dinars pour atteindre ce but.

Mehdi-Jomaa-Microsoft

Visite de Jomaa au siège de Microsoft.

M. Jomaa a tenu à préciser que cela ne peut pas se faire assez rapidement en raison des procédures, longues et compliquées, qu'il faut suivre pour pouvoir débloquer des crédits. Ses rencontres avec Christine Lagarde, présidente du FMI, et le président de la Banque mondiale ne serviront qu'à, tout au plus, les accélérer.

Côté investissement, ses rencontres avec les Pdg de Google et de Microsoft désignent plus un choix stratégique, pour tenter d'attirer ces investisseurs à long terme, ce qui n'est pas du tout gagné en raison de l'étroitesse du marché tunisien, qu'une rencontre «business» pour signer des contrats.

C'est donc plus de la Com' qu'autre chose. M. Jomaa s'est d'ailleurs arrangé pour emmener cette fois-ci des journalistes tunisiens pour informer l'opinion publique tunisienne.

A deux jours de sa rencontre avec Obama, les deux grands quotidiens américains, le ''Washington-Post'' et le ''New-York Times'' ne lui ont consacré aucune ligne. Il y a eu pourtant un article sur la Tunisie sur les colonnes du quotidien newyorkais.

Généralités et bonne volonté

Quant au «dialogue stratégique», qu'il va aborder avec le président Barak Obama, M. Jomaa s'est gardé jusqu'à maintenant de préciser le contenu que désire lui donner le gouvernement tunisien.

Mehdi-Ben-Jomaa-Columbia-Business-School

Mehdi-Ben-Jomaa-Columbia-Business-School.

En dehors de généralités, à propos de la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la coopération économique, rien n'a filtré jusqu'à maintenant. De toute façon les Algériens et les Marocains vraisemblablement «dialogueront stratégiquement» avec les USA dans les semaines qui viennent. Ce n'est pas donc propre aux relations tuniso-américaines!

A la question du journaliste qui lui pose la question piège: Pourquoi vous et pas Marzouki, M. Jomaa répond: «C'est la Tunisie qui est invitée!» Réponse, en réalité peu diplomatique car cela peut signifier que c'est lui qui représente la Tunisie, du moins aux yeux des Américains, ce qui est loin d'être faux.

En tout cas, la petite et la grande constitution donnent le plein pouvoir au Premier ministre aux dépens d'un président qui, bien qu'il soit censé diriger la politique étrangère du pays, semble être dépassé par les évènements.

Une question qui brûle toutes les lèvres: Mehdi Jomaa a-t-il demandé l'autorisation à Moncef Marzouki avant de marcher sur ce que ce dernier peut considérer comme ses platebandes?

 

Illustration: Mehdi Jomaa à Wall Street.