Manuel-Valls-Banniere

Manuel Valls le nouveau locataire de Matignon, n'est pas tendre avec les islamistes radicaux de Tunisie, qu'il avait qualifié d'«islamo-fascistes». Décryptage...

Par Moncef Gouja

C'était au micro d'Europe 1, le lendemain de l'assassinat du dirigeant de gauche Chokri Belaïd, le 6 février 2013, par des islamistes extrémistes. Il avait dit aussi: «Il y a un fascisme islamique qui monte un peu partout et cet obscurantisme doit être évidemment condamné... puisqu'on nie cet Etat de droit, cette démocratie pour lesquels les peuples libyen, tunisien et égyptien se sont battus».

Voilà la messe est dite! Cette phrase lui avait valu une attaque directe de Rached Ghannouchi, qui dans une interview au ''Journal de dimanche'' avait déclaré: «La France est un pays si proche de nous! Malgré cela, la France est un pays qui comprend le moins l'islam et les Tunisiens.»

Hamadi Jebali, à l'époque Premier ministre, avait dénoncé cette «ingérence dans les affaires intérieures de la Tunisie». Parce que traiter les assassins de Belaïd d'islamo-fascistes était, selon nos dirigeants de l'époque, méconnaître l'islam et la Tunisie et s'ingérer dans nos affaires intérieures!

Mais ce n'est pas le seul «forfait» de Manuel Valls. On ne sait pas quelle mouche l'avait piqué pour refuser de serrer la main à notre président, il est vrai provisoire, lors de sa visite officielle, le 21 juillet 2012, en France? En tout cas, cette aversion pour les islamistes n'est pas partagée par tout le monde, notamment par l'ambassadeur de France en Tunisie, qui ne tarit pas d'éloges sur le cheikh Rached à qui veut l'entendre surtout dans les soirées mondaines.

Mais ce n'est pas uniquement un geste de mauvaise humeur de Valls, c'est une stratégie! Au même micro d'Europe 1, le même jour, il précise sa pensée: «Garder espoir dans le rendez-vous électoral pour que les forces démocratiques et laïques, celles qui portent les valeurs de cette révolution du Jasmin demain l'emportent, c'est un enjeu considérable (...) pas uniquement pour les Tunisiens, mais pour tout l'espace méditerranéen et donc aussi pour la France».

Voilà qui est clairement dit. Je vois déjà des objections: il n'était pas encore Premier ministre de la France! C'est vrai, il était tout juste ministre de l'Intérieur! En tout cas, notre Premier ministre à nous dont le voyage officiel en France a été retardée pour changement de gouvernement et de Premier ministre suite à la raclée électorale subie par les socialistes, va marcher sur des œufs, lui qui était déjà ministre dans le gouvernement précédent, surtout avec un Premier ministre français qui ne mâche pas ses mots.