L'IRVA demande l'interdiction de voyage à l'encontre de Ali Larayedh, Lotfi Ben Jeddou, Wahid Toujani, Mourad Sebaï, et tout cadre du ministère de l'Intérieur concerné par l'enquête sur le meurtre de Belaïd.
Par Yüsra N. M'hiri
A l'occasion de la commémoration du premier anniversaire de la mort de Chokri Belaïd, assassiné le 6 février 2013 par des extrémistes religieux, l'Initiative pour la recherche de la vérité sur l'assassinat de Chokri Belaid et Mohamed Brahmi (Irva), a tenu une conférence de presse à El-Menzah VI, avec la participation de Basma Khlafoui, veuve de Chokri Belaïd, Mokhtar Trifi, avocat et ancien président de la Ligue tunisienne des droits de l'homme (LTDH), Zied Lakhdhar, secrétaire général du Parti des patriotes démocrates unifié (Watad), et Taieb Laguili, membre d'IRVA.
Ces derniers ont fait part du manque de confiance qu'ils ont à l'égard du ministère de l'Intérieur, suite aux manquements constatés dans les investigations ainsi qu'à la lenteur inexplicable de l'enquête sur les assassinats de Chokri Belaïd et du député de gauche Mohamed Brahmi, le 25 juillet 2013.
IRVA, qui va porter l'affaire devant la Cour africaine des droits de l'Homme, demande aussi à la justice tunisienne en charge de l'affaire de prononcer l'interdiction de voyage à l'encontre d'hommes politiques et de hauts cadres du ministère de l'Intérieur qui y sont mêlés, notamment Lotfi Ben Jeddou, ministre de l'Intérieur, Ali Larayedh, ministre de l'Intérieur au moment des faits et ex-chef du gouvernement, Wahid Toujani, directeur général de la sûreté publique et Mourad Sebaï, directeur de la police judiciaire et président d'Interpol Tunisie. Mais aussi d'autres hauts cadres du ministère de l'Intérieur: Mustapha Ben Amor, Taoufik Laâbidi, Belgacem Essaoudi, Riadh Rekik, Mohamed Zouaghi, Jamel Slama et Adnene Slama.
Un grand public a assisté à la conférence de presse.
Selon lRVA, ces hommes ont dissimulé des preuves et fait montre d'un grand laxisme. Wahid Toujani et Ali Laarayedh ont même refusé de comparaître devant le juge d'instruction.
Basma Khalfaoui est revenue, pour sa part, sur la mort de Kamel Gadhgadhi, tué lors des affrontements avec les forces de l'ordre mardi 4 février à Raoued. En présentant la mort du présumé assassin de Chokri Belaïd comme un «cadeau» offert à la famille des martyrs, Lotfi Ben Jeddou a commis une maladresse et prouvé qu'il n'a encore rien compris, a-t-elle dit.
«Nous ne voulons pas de vengeance, nous voulons la justice», a encore déclaré Me Khalfaoui, avant d'ajouter: «Le seul cadeau que l'on pourrait nous faire, c'est de révéler la vérité sur le meurtre de Chokri et l'identité des commanditaires pour qu'on puisse les traduire en justice».