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Le général Rachid Ammar assimile les dernières déclarations relatives à son rôle dans la révolution du 14 janvier 2011 à une campagne de dénigrement menée par des gens qui craignent sa candidature à la prochaine élection présidentielle.

Par Imed Bahri

Le général Rachid Ammar, ex-chef d'état-major des armées, qui a démissionné le 24 juin 2013, en faisant valoir son droit à la retraite, a rompu le silence pour répondre aux récentes allégations de son ex-bras droit, le général Ahmed Chabir.

Ainsi parlait le général Ahmed Chabir

Ce dernier avait affirmé, dans l'émission ''Liman Yajro' faqat'' (Seulement pour ceux qui osent), de Samir El Ouafi, dimanche dernier, sur Ettounsia TV, qu'avant la révolution du 14 janvier 2011, le général Ammar ne pouvait rien refuser à l'ex-président Ben Ali et qu'il aurait même pu «brûler le pays» si ce dernier le lui avait demandé.

S'inscrivant en faux contre un «mythe» de la révolution tunisienne, selon lequel le général Ammar avait rejeté des instructions de Ben Ali et refusé de tirer sur les Tunisiens, le général Chabir a également souligné que Ben Ali n'a jamais donné des instructions en ce sens à l'armée nationale.

Le général Chabir, lui aussi à la retraite, a aussi indiqué que le départ de Ben Ali a été précipité par un coup d'Etat fomenté par des parties tunisiennes avec l'appui d'une force étrangère, sans donner plus de précisions.

En réponse à ces allégations, qui cherchent à minimiser son rôle dans la révolution et à lui attribuer des manoeuvres louches, le général Ammar a déclaré, dans une interview publiée par le quotidien ''Attounissia'' dans sa livraison du jeudi 16 janvier, que les récentes déclarations le concernant s'inscrivent dans une campagne de dénigrement pré-électorale.

«Il faut dire que je dérange», a-t-il admis. Et d'ajouter: «Certains craignent que je ne me présente aux prochaines élections et les dernières déclarations me prenant pour cible s'inscrivent dans la campagne électorale prématurée de ces gens-là», sans donner des noms précis. Mais on peut deviner les personnes qui ont intérêt à empêcher le retour du général Ammar àla scène politique tunisienne: les dirigeants d'Ennahdha et le président provisoire de la république, Moncef Marzouki.

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Qui a intérêt à détruire l'une des icône de la révolution tunisienne?

''Ala mout ala haya''

«Mezri Haddad (ambassadeur de Tunisie à l'Unesco sous Ben Ali, NDLR) a affirmé que, pendant la révolution, je recevais des instructions des renseignements américains, mais il ignore la vérité. Il saura un jour que c'est moi qui a empêché toute intervention étrangère en Tunisie», a encore dit le général Ammar, tout en se refusant d'entrer dans des détails ou de révéler des secrets relatifs à cette période, affirmant avoir déjà fait, et à sa demande, une déposition sur ce qui s'est passé durant la révolution, à la Brigade de recherche et d'investigation de la Garde nationale à la caserne de Laouina, au nord de Tunis. «L'audition a duré de 10 à 18 heures et j'ai raconté tout ce que j'ai vécu», a-t-il dit. Et d'ajouter: «C'est moi qui ait donné aux enquêteurs la liste de tous les officiers de l'armée qui avaient des choses à raconter sur ces événements. Je l'ai fait ''ala mout ala haya'' (pour l'histoire, NDLR)», a dit le général Ammar.

Au journaliste qui lui demandait de répondre, point par point, aux attaques de ses adversaires, le général à la retraite a répondu: «A quoi bon répondre? Tous ceux qui me connaissent savent que je ne réagis jamais à chaud. J'attendrai le moment venu pour le faire. Quand ils auront tous vidé leur sac, je parlerai. Si quelqu'un à la moindre preuve contre moi, qu'il l'apporte. Quant à mes faits et actes, ils sont tous consignés dans les registres et les instances concernées disposent de plus d'une copie des documents en ma possession». Et de citer ce vers d'Alfred de Vigny, dont la Grande Muette semble avoir fait son credo: «Seul le silence est grand, tout le reste est faiblesse». 

Le général a, d'ailleurs, préféré ne pas répondre à une question insistante de notre collègue Mohamed Boughalleb sur sa possible candidature à la prochaine élection présidentielle. Il s'est contenté de rappeler qu'il a «enlevé sa tunique militaire» et qu'il est «rentré définitivement à la maison», en précisant qu'il mène une vie heureuse, chez lui, à Sayada, son village natal dans la région du Sahel (centre-est), et s'occupe à planter des arbres dans son jardin.

Selon lui, le général Chabir n'a pas pris la parole et dit ce qu'il a dit de manière spontanée. «Il a été chargé de le faire», a-t-il souligné, en se refusant de répondre, point par point, aux allégations de ce dernier. «Hasbya allah wa neêma al-wakil» (Je m'en remets à Dieu), s'est-il contenté de dire.