Mohamed Chawki Abid, ancien conseiller auprès de la présidence de la république, pense que Moncef Marzouki, en tant que militant des droits de l'Homme, a été mal conseillé et aurait pu prendre du recul depuis le 9 avril.
En réaction aux déclarations faites vendredi par le président de la république provisoire, critiquant le bilan du gouvernement et demandant la mise en place d'un gouvernement restreint de technocrates et l'organisation de prochaines élections avant l'été 2013, l'ancien conseiller économique de Moncef Marzouki, qui a démissionné en juin dernier, a déclaré à Kapitalis: «Il est important de rappeler que lors de la formation de la Troïka, en novembre 2011, il a été convenu avec M. Marzouki de lui offrir le poste de son rêve (le palais de Carthage) sous réserves qu'il ne se mêle pas des affaires du Gouvernement. Certes, Marzouki s'est montré un élève discipliné vis-à-vis d'Ennahdha en dépit de la mauvaise gestion des priorités socio-économiques par Montplaisir (siège du parti islamiste, Ndlr), jusqu'à ce que la ligne rouge fût franchie par la Kasbah (siège du gouvernement, Ndlr).»
Selon M. Abid, M. Marzouki a organisé, dans la soirée du mercredi 28 novembre, une réunion entre les 3 présidents (de l'Assemblée constituante, de la république et du gouvernement). «Cette réunion semble avoir été clôturée par une mésentente sur l'évaluation de la situation et les mesures d'urgence à prendre», estime l'ex-conseiller. Il ajoute : «Le lendemain, jeudi 29 novembre, Hamadi Jebali a tenu sa conférence de presse et ses déclarations n'ont malheureusement pas été appréciées ni par l'opinion publique ni par les citoyens de Siliana.»
C'est ce qui a décidé M. Marzouki à rompre le silence, vendredi soir, pour faire part aux Tunisiens de ses propositions pour une sortie de crise. Selon M. Abid, «ces propositions avaient été soumises à ses deux alliés 48 heures auparavant.» La preuve : ces derniers n'en ont pas été particulièrement surpris.
«En mois de 24 heures, la réaction de Jebali et celles de ses lieutenants (Samir Dilou, Abdellatif Mekki...) n'ont pas été tendres à l'égard de M. Marzouki, et traduisent une intense rancune à son égard», fait remarquer l'ancien conseiller du président de la république provisoire. Qui affirme être «persuadé que Marzouki savait qu'il allait risquer son poste à Carthage, et devait avoir mesuré les conséquences électorales de sa nouvelle prise de position. Car, en tant que grand militant des droits de l'homme, le choix retenu le 30 novembre aurait dû être fait depuis le 9 avril (lorsque les forces de l'ordre ont violenté la population qui manifestait pacifiquement à Tunis, Ndlr), mais ses proches conseiller l'en avaient alors aveuglément dissuadé».
Z. A.