Tunisie. Noureddine Bhiri dans de mauvais drapsAux prises avec plusieurs affaires relatives au mauvais fonctionnement de ses services, le ministre de la justice, Noureddine Bhiri, se souvient des membres du clan Ben Ali-Trabelsi en fuite à l'étranger. Un écran de fumée...

 

M.Bhiri a annoncé, vendredi, que le ministère italien de la justice avait signé la décision d'extrader Moez Trabelsi, neveu de Leila Trabelsi. Mais tout en signalant que la justice italienne avait rejeté l'appel présenté par Moez Trabelsi contre son extradition, le garde des sceaux a tenu à préciser que l'application de la décision nécessite encore quelques formalités.

Vendre la peau de l'ours...

Le ministre a fait savoir, en outre, que l'affaire de l'extradition de Belhassen Trabelsi frère de Leila Trabelsi (épouse de l'ancien président Ben Ali), en fuite au Canada depuis la révolution, est à un stade avancé, se félicitant de la coopération des organisations nationales et internationales avec la Tunisie pour l'aider à récupérer les fonds détournés à l'étranger.

En d'autres termes, l'extradition de Moez et Belhassen Trabelsi, pas plus que celles de Zine El Abidine Ben Ali, Leïla Trabelsi, Sakher El Materi et tous les autres fuyards, n'est pas encore à l'ordre du jour. Elle n'aura pas lieu, en tout cas, avant plusieurs mois. Ou plusieurs années. Ou jamais ! Pourquoi alors s'empresser de l'annoncer?

Le ministre de la Justice, dont la gestion est très contestée et qui fait face à une polémique née du décès, jeudi, d'un détenu salafiste à la suite d'une grève de la faim observée en prison depuis près de deux mois, a cru devoir s'adresser à la presse, lors de la rencontre périodique avec les médias, vendredi, au Palais du gouvernement, pour essayer d'occuper l'opinion avec des histoires pour le moins inactuelles. Une manière de faire un écran de fumée et d'expliquer à l'opinion publique que ses services ne chôment pas. Quelqu'un a-t-il pensé le contraire, si ce n'est M. Bhiri lui-même?

Un nouveau Béchir Tekkari 

Le ministre de la Justice, que l'on attendait sur d'autres sujets plus urgents, a évoqué, lors de sa prestation de vendredi, les projets de loi, qui seront soumis par son ministère, au gouvernement provisoire, dont celui relatif à la réforme du Code des procédures pénales au sujet de la garde à vue, de la détention et de la torture, ainsi que le projet de loi portant amendement des procédures collectives en collaboration avec la Banque mondiale et un autre projet de loi sur l'élargissement de la criminalisation de la migration clandestine par la mer.

Il a indiqué que le projet de loi portant création d'une direction de l'ordre judiciaire sera soumis à l'Assemblée nationale constituante (Anc), successivement après l'adoption du projet de loi portant création de l'Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie).

Et les affaires de corruption censées être instruites par les tribunaux et qui traînent en longueur et en largeur avant d'être conclues, la plupart du temps, par la libération des prévenus, comme ce fut le cas récemment avec le ministre du Transport Abderrahim Zouari et celui de la Justice Béchir Tekkari?

Le nombre de ces affaires dépasse 900, s'est contenté d'indiquer le ministre en ajoutant que les travaux du pôle judiciaire en charge du dossier démarreront, incessamment.

La statistique est donc très bonne, et on peut toujours espérer voir les «azlems» (anciens collaborateurs de Ben Ali) jugés... et probablement libérés, les uns après les autres, par une justice qualifiée – d'«indépendante».

Non, M. Bhiri, arrêtez de prendre les Tunisiens pour des bourricots. Vous êtes, au mieux, un incompétent, et au pire, un nouveau Béchir Tekkari à la solde de votre parti au pouvoir.

I. B.