Un Pôle judiciaire chargé des affaires de corruption pour quoi faireLe Pôle judiciaire, créé récemment, entamera l'examen de plus de 800 affaires de corruption et crimes commis sous l'ancien régime. La question est de savoir combien de caciques vont pouvoir passer par les mailles du filet judiciaire...

 Selon Jalloul Chelbi, chargé de mission auprès du ministre de la Justice, qui intervenait vendredi, lors de la conférence de presse périodique au Palais du gouvernement à la Kasbah, ce pôle a été créé pour accélérer l'examen de ce type de dossiers

Les juges d'instructions et les membres du ministère public, choisis pour former ce pôle sur la base «de critères de compétence et d'intégrité», ont reçu une formation en techniques d'investigation dans les affaires de corruption assurée par des experts de la Banque mondiale, a expliqué M. Chelbi, précisant que le ministère a mis à la disposition de ce pôle les moyens matériels et humains nécessaires.

Concernant la libération récente de caciques de l'ancien régime qui étaient en détention dans des affaires de corruption, notamment l'ex-ministre du Transport Abderrahim Zouari et l'ex-ministre de la Justice Béchir Tekkari, le responsable a affirmé que «la justice tunisienne est indépendante et se prononce sur la base de dossiers et de preuves».

Autant dire donc que ces deux caciques du système Ben Ali sont aussi blancs que neige... que la justice est indépendante en Tunisie.

A une question concernant les salafistes en détention, M. Chelbi a fait savoir qu'ils sont poursuivis dans des affaires de droit commun, soulignant que la loi sera appliquée à tous sans considération des appartenances politiques ou idéologiques.

Ces salafistes ont été arrêtés à la suite de l'attaque de l'ambassade des Etats-Unis, le 14 septembre dernier. Autant dire qu'ils ont franchi là une ligne rouge.

Tant qu'ils s'attaquaient à des intellectuels, des artistes, des hommes politiques de l'opposition ou de simples citoyens manifestant contre le gouvernement islamiste, celui-ci fermait les yeux et laissait faire, dans une sorte de complicité active qui en dit long sur les alliances secrètes entre Ennahdha et la mouvance salafiste. Mais dès que l'Oncle Sam a élevé la voix, la machine judiciaire de Noureddine Bhiri s'est mise en branle. Honni soit qui mal y pense...

I. B. (avec Tap).