Les universitaires tunisiens s’inquiètent de la montée de la violence dans les universités  L’association Forum Universitaire Tunisien (FUT), créée au lendemain de la révolution, plaide pour le respect des libertés académiques et la garantie de l’autonomie et de l’indépendance des institutions universitaires.

Dans ce contexte, le FUT exprime toute sa solidarité avec le Pr. Habib Kazdaghli, doyen de la Faculté des lettres, des arts et des humanités de Manouba (Flahm), à l’occasion de sa comparution, aujourd’hui, devant la justice tunisienne, suite à un procès intenté par une étudiante niqabée, qui prétendait avoir été agressée par le doyen en mars 2012.

Nous rappelons que la période de septembre 2011 à mars 2012 a été caractérisée notamment par un envahissement de groupes de salafistes, étrangers à la Flahm, des bureaux de l’administration de la faculté, un sit-in dans ses locaux et une interruption des cours pendant plus d’un mois, des violences verbales et physiques contre les étudiants, les corps enseignant et administratif, y compris le doyen lui-même, et une sérieuse entrave au bon déroulement des enseignements et des épreuves, soit par la violence, soit par l’utilisation de hauts parleurs à l’intérieur de la faculté, non autorisés par son administration.

Toutes ces perturbations étaient orchestrées pour s’opposer à une décision votée par le conseil scientifique de la Flahm, et qui obligeait les étudiantes niqabées à se découvrir le visage durant les enseignements et les séances d’examens. D’ailleurs, le FUT avait demandé, dans son communiqué du 3 octobre 2011, à l’autorité de tutelle, l’interdiction du port du niqab à l’université. 

L’année universitaire 2011-2012 a failli être compromise à la Flahm par ces comportements irresponsables, et l’indifférence de l’autorité de tutelle, sans le courage des enseignants de la faculté et de leur doyen.

Il est clair que ce procès n’est pas seulement intenté contre Pr. Habib Kazdaghli, mais contre tous les universitaires qui luttent pour le respect des règles édictées par les structures élues des établissements universitaires, dont le conseil scientifique.

D’une manière générale, le FUT exprime sa plus profonde inquiétude, et son indignation, face à la montée de la violence dans les enceintes universitaires qui a repris cette année, notamment à Jendouba, à la Faculté du 9 avril à Tunis, et il y a quelques jours au Campus de Tunis El Manar. 

Le FUT s’étonne également de l’absence des services de sécurité dans de pareilles circonstances et du laxisme de l’autorité de tutelle dans le soutien des décisions prises par les structures élues des Universités.

Le FUT exprime donc son soutien au Pr. Habib Kazdaghli et appelle tous ses membres à se mobiliser, jeudi, devant le tribunal de première instance de La Manouba, pour témoigner sa solidarité avec le doyen, exiger l’indépendance de la justice et dire NON à l’anarchie, à la violence et aux agressions morales et physiques.

Enfin, un Etat libre ne peut se concevoir sans une université libre et des universitaires respectés dans leur mission pédagogique et dans leur intégrité physique et morale.

Source : communiqué.