L’agresseur de Cheikh Abdelfattah Mourou, dimanche soir à Kairouan, est un certain Mohamed Thameur Wahada, la quarantaine, condamné en 2007 pour appel à la violence et qui a bénéficié de l’amnestie générale après la révolution.


Natif de Kairouan en 1969, l'agresseur est issu d’une famille d’enseignants très respectée. Il a intégré dès sa jeunesse des groupes extrémistes religieux, ce qui lui a valu des poursuites judicaires sous l’ancien régime. Il a été condamné en 2007 sur la base de la loi antiterroriste et il doit sa libération à l’amnistie générale proclamée en mars 2011. Il aurait rejoint le bureau local du parti islamiste Ennahdha au pouvoir. Il serait aussi membre de l'association religieuse Abou Zayd Al Kaïrawani.

Mohamed Thameur Wahada a commencé par s’en prendre à l’écrivain Youssef Seddik, l’accusant d’avoir offensé la mémoire de Aïcha, l’épouse du prophète, exigeant sa sortie immédiate de la salle de l’hôtel où se tenait la conférence sur la tolérance religieuse. Il s’en est pris ensuite au cheikh qui a essayé de le calmer et de lui expliquer qu’il se trompait sur le cas de M. Seddik. Qu'il était présent lui-même dans l'émission radiophonique où Aïcha avait fait l'objet d'une réflexion désobligeante dont l'auteur est l'islamologue Mohamed Talbi.

L'homme ne voulait rien entendre exigeant des excuses publiques de Youssef Seddik. Il s’est ensuite emporté contre le cheikh lui reprochant d’avoir chanté à la télé, ce qui, à ses yeux, constitue un grave blasphème. Subitement, il prit un verre et le lança sur le front de Me Mourou. Ce dernier s’est évanoui baignant dans son sang.

La conférence sur la tolérance s’est ainsi terminée avant même de commencer grâce à un coup d’éclat d’un extrémisme religieux.

Le plus grave dans cette affaire est que ce geste d’agression caractérisée contre un homme de religion très respecté comme Abdelfattah Mourou est salué sur les réseaux sociaux par les adeptes d’Ennahdha et autres mouvements islamistes comme un acte de bravoure au service de l’islam et des musulmans!

Une question s'impose: est-ce que le parquet va se saisir de cette affaire et poursuivre l'agresseur ou va-t-il regarder ailleurs comme c'est souvent les cas lorsque les malfaiteurs ont des affinités avec Ennahdha, parti au pouvoir?

Z. A.

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