Le leader islamiste tunisien n’est pas officiellement candidat à sa propre succession à la tête d’Ennahdha. C’est pourtant lui qui sera, sans surprise, le prochain président du parti au pouvoir. Un désagréable remake…


Le président d’Ennahdha ne cesse de dire à qui veuille bien l’entendre qu’il ne présentera pas sa candidature à la présidence du parti Ennahdha au cours de son IXe congrès, prévu la première quinzaine de juillet prochain à Tunis. Il l’a répété aujourd’hui dans une interview à Shems FM. Il laisse cependant entendre que le congrès est souverain et c’est la base qui devra de toute façon trancher la question de la présidence à travers ses instances légitimes.

Les cadres du mouvement sont plus précis à ce sujet: si Rached Ghannouchi ne présentera pas sa candidature, ce sont les congressistes qui pourraient le faire en son nom. En d’autre termes, et selon une tradition instaurée par tous les dictateurs arabes, depuis Nasser et jusqu’à Ben Ali, les «zaïm» se désintéressent du pouvoir et préfèrent prendre leur retraite, ce sont leurs partisans, puis le peuple dans son ensemble, qui les appellent à rempiler, car la nation ne saurait se passer de leurs précieux services!

On entend déjà, au fond de la salle du congrès, des cris et des youyous de femmes: «Allahou Ahad, Allahou Ahad, Ghannouchi ma kifou had !» («Dieu est unique, Dieu est unique. Ghannouchi n'a pas son équivalent»), comme criaient, en leur temps, les zinochettes mobilisées par Saïda Agrebi.

Les dirigeants d’Ennahdha ont-ils mesuré l’impact catastrophique que pourrait avoir un tel comportement dans la conscience politique des Tunisiens?

I. B.