Nos créateurs ne supportent pas la critique. Ni ne supportent qu’on exige d’eux d’éviter les abus qu’ils dénoncent chez les autres. Drôle de schizophrénie, tout de même. Dont tout le monde semble s’accommoder…


Le producteur de théâtre Habib Belhédi, qui codirige avec Fadhel Jaïbi Familia Productions, n’aime pas les journalistes qui fouillent dans ses affaires… financières. Il les traite volontiers de «bouliss» (flic), de «chleka», de «mouch rajel» et de «mekri», dès qu’ils s’écartent de la norme, qui consiste à chanter la louange des membres de sa troupe, comme un devoir dû à leur incomparable génie. Anouar Trabelsi vient d’en faire l’amère expérience. Au moment de quitter la salle Le Mondial, samedi 15 mai, après avoir vu la dernière pièce de Fadhel Jaïbi, ‘‘Yahia Yaïche’’, produite par Familia Prod, notre confrère a été pris à partie par Habib Belhédi. Son crime : il s’était demandé, dans un article publié il y a deux ans dans feue ‘‘L’Expression’’, où va l’argent attribué annuellement par le ministère de la Culture et de la Sauvegarde du patrimoine, à un espace culturel appelé Familia, dont personne, à ce jour, ne saurait définir l’emplacement. Sans animosité aucune à l’égard de Belhédi, de Jaïbi et de toute la famille de Familia Productions, que nous respectons au plus haut point, Kapitalis publie la réaction d’Anouar Trabelsi à l’«agression verbale» dont il a été victime et qui, à travers lui, a atteint tout le corps des journalistes.
Nous voudrions ainsi attirer l’attention des internautes-lecteurs sur l’un des maux de notre scène culturelle et artistique : le refus de la critique par nos producteurs et créateurs, grands Narcisses devant l’Eternel, qui y voient une atteinte à leur génie… Et à leur business.

 

Ridha Kéfi

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