Le cinéaste Nouri Bouzid a reçu, jeudi soir, à Cannes, les insignes de chevalier de la Légion d’honneur des mains de Frédéric Mitterrand, ministre français de la Culture.
«Rien ne doit vous faire peur!», a lancé l’auteur des ‘‘Sabots en or’’ et ‘‘Making Of’’, où il a traité de l’extrémisme religieux, aux jeunes réalisateurs tunisiens présents dans la salle.
«Chacun connaît ici vos engagements, vos combats, votre soif de liberté jamais éteinte. A travers vous, c’est à ces créateurs et combattants de la liberté, ceux d’hier comme ceux qui veulent affirmer aujourd’hui la démocratie en Tunisie, que je veux rendre hommage», a dit le ministre français de la Culture, en présence de Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.
Après des études de cinéma en Belgique, Nouri Bouzid a passé cinq années dans les prisons tunisiennes pour ses convictions politiques. En 2006, son film ‘‘Making Of’’, qui aborde la question de l’islamisme et des apprentis terroristes, a été récompensé dans de nombreux pays.
«A vos yeux, filmer et lutter se conjuguent de concert (...) Les jeunes blogueurs tunisiens, créant un mouvement citoyen, sont d’une certaine manière vos héritiers, lavés comme vous de la peur et de la honte qui ont discipliné les esprits», a ajouté le ministre de la Culture.
Très ému, Nouri Bouzid a estimé que «si Amnesty International (l)’a soutenu quand (il) était militant, Cannes (l)’a beaucoup aidé et soutenu pour résister sous la dictature et ne pas mourir». «Je veux m’adresser surtout aux jeunes cinéastes tunisiens. Je veux leur dire: rien ne doit vous faire peur! N’oubliez jamais les perdants, ne faites pas les héros gagnants», a dit Nouri Bouzid.
«J’ai toujours accompagné les blessés, les perdants, les détruits, les défaits, les gens qui n’ont plus rien que leur rébellion. J’ai un petit problème d’ailleurs avec la révolution tunisienne: comment je vais faire pour être un contre-pouvoir?», a dit encore le cinéaste qui a redit «ne pouvoir admettre un régime ou un Etat qui soit islamiste quelque soit sa modération».