Oeuvres de Haythem Zakaria

Dans ses oeuvres exposées à la galerie la Boîte, à Tunis, Haythem Zakaria fait rimer art et ésotérisme, technique et mystique. Et si l'art était décantation?

Par Anouar Hnaïne

Fatma Kilani, mécène, férue d'art actuel, consacre à chaque occasion une exposition à un artiste moderne. Sa galerie, la Boîte, à la Charguia, fait partie de ces espaces où la signature de l'artiste laisse une très forte empreinte sur le lieu. Moufida Fadela, Nicène Kossentini, Aïcha Filali, Ali Tnani, Meriem Bouderbala ou Dalel Tangour y ont été invités.

Le choix de Fatma s'est porté, en cette période, sur le jeune Haythem Zakaria qui vit et travaille en France.
Trois œuvres contemporaines, pas davantage, œuvres, à première vue, radicalement différentes. Pourtant, un lien les tient solidement entre elles : un souffle, une inspiration spirituelle. Et cette inspiration se développe autour d'une idée fixe: soumettre les techniques modernes à la pensée soufie.

Tryptique de Haythem ZakariaTryptique. 

Alors que beaucoup d'artistes cherchent un repère, un style à partir duquel ils seront reconnus, Haïtham casse cette donnée essentielle dans la pratique de l'art. La parenté formelle entre les œuvres n'est pas plus importante que le discours. Aucune d'entre les 3 œuvres exposées ne ressemble à l'autre. Qu'y voit-on? Par terre une installation en granit noir qui rappelle pour les uns la Tour de Babel, et la Kaâba pour les autres. Un dessin sur papier figurant 3X3 rectangles noirs de mêmes dimensions et une installation dénommée. ''Dhikr'' où l'on voit 99 compteurs manuels mécaniques disposés en vertical.

Dhikr de Haythem Zakaria

Dhikr.

Le commissaire de l'exposition, Arafat Saâdallah, nous donne des repères: «''Dhikr'', c'est une autre limite qui vient nous faire encontre : celle de la valeur. De la valeur d'un nom. De la valeur du nom. Se situant entre, d'une part, toute une tradition ésotérique qui cherche des valeurs numérique dans les noms de Dieu».

On aura saisi la signification : la valeur des 99 compteurs correspondant aux 99 noms de Dieu, rappelle le chapelet du musulman. Sur le chapelet, faut-il digresser et rappeler l'incantation, l'imploration, la répétition du même, etc.? Le visiteur (d'éducation musulmane) se nourrira d'images qui lui sont familières, faisant partie de son vécu ou de ses souvenirs.

Installation en granit noir de Haythem Zakaria

Installation en granit noir.

La deuxième œuvre montre un triptyque à la technique visuelle : 11 carrés noirs à l'encre de Chine sur chacun d'eux, soit 33 carrés, la lettre Alif, mère de l'alphabet, celle qui a engendré les autres lettres de la langue arabe, ouvre chaque tableau.

Alif, 33 carrés qu'on multiplierait par 3 : il n'est pas difficile de faire le compte et de relier cette œuvre visuel à l'installation des 99 compteurs et à celle de la pierre noire installée par terre.

{flike}