Castelo-Banniere

En deux mots, Castelo décrit la guitare portugaise: douze cordes, deux doigts qui jouent et une tonne de sentiments. On approuve. Ovation debout...

Par Anouar Hnaïne

Dimanche 26 octobre 2018, jour d'élections législatives dans les bureaux de vote et soirée portugaise à l'Acropolium de Carthage. Le public s'est déplacé en nombre pour découvrir un ensemble portugais absolument fascinant. Une découverte qu'on n'est pas prêt à oublier de sitôt.

Les uns ont découvert les subtilités de la guitare portugaise, les autres le jeu impressionnant et ô combien communicatif de Custodio Castelo. Disons que la guitare et le musicien ont fait un tabac. Des applaudissements à tout rompre. Revenons au concert...

Une ambiance entièrement fado. Peut-on imaginer le Portugal sans ces cercles de musiciens tricotant les tristes notes jusqu'aux hautes mers qu'ils ont écumées. Le fado c'est essentiellement une voix, une guitare.

Le parcours de Castelo est long comme une complainte d'Amalia Rodriguez, la papesse du Fado, à laquelle il voue tous comme ses pairs une admiration sans mesure. Son Fado à lui est «modernisé», son jeu est, on l'a bien senti durant le concert, «instinctif». Il a joué avec les célébrités du Fado (Misia, Anna Moura, Camané, Carlos do Camo...), accompagné pendant longtemps la brésilienne Maria Bethania et collaboré avec Amalia Rodriguez, c'est dire !

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Custodio Castelo et son complice Carlos Menezes entament le concert par des notes langoureuses, des graves d'une tristesse à fendre le cœur.

Béja et Béja

Arrivé à la veille des élections avec son guitariste basse Carlos Menezes et la chanteuse Valeria qui n'a que 17 ans, il voulait donner un concert à Béja, Béja? En effet, comme s'il voulait voir, voir écouter un public qui ressemblerait à celui de Béja du Portugal, parce qu'il existe une ville de ce nom dans ce pays. Le lycée où il devait jouer s'est transformé en bureau de vote. Frustration? «Un peu tout de même».

Chauve, une tête avenante, des cils qui battent à la vitesse du son des cordes, jean, polo, corpulent et voix douce, il entame le concert accompagné par son complice Menezes, des notes langoureuses, des graves d'une tristesse à fendre le cœur, «Inquiétude» Sobre Lisboa...

Ça joue chantant, Castelo mène le jeu, sa guitare s'envole aigu, le corps monte, la respiration s'accélère, la tête dodeline, s'agite, tourne, les coudes soulèvent la guitare. Du feu.

Avec sa basse, Menezes apaise, on revient sur terre, le public retient son haleine avant d'applaudir. Révérence des artistes modestes.

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Valeria, chanteuse fado de 17 ans.

La complainte du fado

En deux mots, Castelo décrit la guitare portugaise: douze cordes, deux doigts qui jouent et une tonne de sentiments. On approuve. Il présente Valeria, chanteuse fado de 17 ans, robe et châle, cheveux long et noir, forcément, un bout de femme qui lève ses bras, comme en état de prière, regardant les hautes colonnes de l'église. Elle monte sa voix, chante la nostalgie, le spleen et évidemment le pays perdu.

Castelo descend les marches, s'assied, fixe ses cordes et entame des airs titré Rosa Branca, ''Ô gente da minha terra'', ''Loucoura'', etc., toujours accompagné de la guitare basse.

Le public adhère, aime et l'exprime, Castelo sourit, Valeria revient. Quelques chansons traditionnelles (moins touchantes à notre goût) et ovation debout.

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