George-Benson-Banniere

Le tant attendu George Benson a enfin pu donner au public de Carthage le concert exceptionnel qu'il n'avait pas pu honorer voilà un an. Comme dirait Etta James... At last!

Par Samantha Ben-Rehouma

 Figure incontournable du jazz, guitariste hors-pair et chanteur de tubes pop incontournables,

George Benson est un monument vivant. Pas une chanson qu'interprète qui ne soit pas un tube, c'est dire l'engouement que suscite cette grande star – qui fait partie des rares musiciens de jazz à avoir été gratifié d'un Grammy Award pour meilleur album toutes musiques confondues – capable de tout jouer, du swing au bebop, de la variété au funk, tout en estampillant son timbre à chacun de ces styles.

Beyond The Scene

Du haut de ses 71 ans, George Benson fait partie de ces rares artistes qui ne semblent pas blasés par ce qu'ils font malgré les années passées.

Un plaisir d'être sur scène partagé par un public enthousiaste. Sa performance durant ce concert fera (j'espère) taire les mauvaises langues qui le voient comme un has been sur le retour.

Accompagné de musiciens ô combien talentueux (mention spéciale à Oscar Seaton, batterie) et d'une pétillante percussionniste et choriste (qui a bluffé le public avec la reprise de Norah Jones ''Don't Know Why''), le jazzman, dans un enchainement de tubes et de reprises, se montre tout autant à l'aise sur les Love Ballad que sur des morceaux où sa guitare chante pour lui: son jeu de guitare unique, consistant à chanter simultanément les notes de solo qu'il improvise sur scène, ajoute une corde à son ar(t)c déjà très éclectique !

George-Benson-Carthage

George Benson passe du scat au funk pop avec une facilité surprenante, digne des grands musiciens.

Dans la chaleur de la nuit

En un peu plus de deux heures, la star nous a fait vibrer sur ses inspirations issues de ses nombreuses collaborations: Miles Davis, Herbie Hancock, Wes Montgomery, Eugene McDuffy, dit Brother Jack McDuff, Lonnie Smith, Quincy Jones ou encore le regretté Bobby Womack (mort le 27 juin dernier).

George Benson passe du scat au funk pop avec une facilité surprenante, digne des grands musiciens. Grâce à sa prestation extrovertie sur scène, il réussit, par là-même, à captiver son public comme peu d'autres savent le faire.

Ouvrant le bal avec ''Nature Boy'', il enchaîne avec ''Turn Your Love Around'', ''Never Give Up on a Good Thing'', ''Lady Love Me'', ''The Ghetto''... jusqu'au mythique ''Give Me The Night'' dont le succès tient indubitablement à un certain Rod Temperton, membre du groupe Heatwave (Boogie Nights, énorme hit repris plus tard par KC and the Sunshine Band), qui a écrit, composé, arrangé et produit pour des artistes comme Michael Jackson (''Thriller'', ''Rock With You'', ''Off The Wall'', etc.), James Ingram (''Yah Mo Be There''), Aretha Franklin, Donna Summer, Anita Baker, Boys II Men, The Manhatan Transfer... Bref, j'en passe, et des meilleurs, comme disait Victor Hugo.

George-Benson-Carthage-salut-final

George Benson a su nous mettre la tête dans les nuages.

Avec ''Give Me The Night'', George Benson peut croire en sa bonne étoile, puisqu'il a trouvé sa voie lactée, et ce, pour la nuit des temps!

Tout le monde a dansé, transformant ainsi l'arène de Carthage en un grand dance-floor à ciel ouvert et ''On Broadway'' a mis fin à ce concert magique.

Le Bémol de la soirée

Si George Benson a su nous mettre la tête dans les nuages, le ciel s'est, malheureusement, vite assombri après le concert avec ce nouveau drame (encore et encore!?) survenu dans le mont Chambi.

Aussi, quelle déception (limite nauséeuse) d'entendre dire par les mauvaises langues de service que George Benson est «Wej Mchoum» (figure maudite) pour la Tunisie. Pourtant, inutile de se voiler la face et appelons un chat, un chat: depuis que les islamistes ont le vent en poupe en Tunisie, le mois béni est devenu celui des tragédies!

En quoi un artiste – qui s'est donné pendant plus de deux heures et a été pro jusqu'au bout en saluant son public (même si rapidement) à la sortie des coulisses – est responsable de la médiocratie de ce pays où assassinats, insécurité, insalubrité sont devenus le quotidien d'un peuple dopé aux antidépresseurs et dont l'ISIE-tation subsiste malgré ce marasme politico-économico-social !

Public-de-Carthage

Un public de 7 à 77 ans.

Certes l'art est difficile et la critique est aisée et puis c'est si facile de rejeter la faute sur l'autre (Sidi 3arbi !). Oui, mais cela ne fait en rien avancer le Schmilblick!!

Je pense donc j'ISIE, voilà le leitmotiv qui doit trotter dans la tête de tous les Tunisiens et non pas des croyances en mode «Ignorance is bliss» (l'ignorance est bénédiction).

«Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, mais plutôt ce que vous pouvez faire pour votre pays», disait John F. Kennedy. Un autre américain.

Après ça, l'autre George vous dirait, What else?

La direction du Festival international de Carthage a décidé de réserver 30% de la recette du concert de George Benson aux familles des martyrs.

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