Dorsah-Hamdani-Banniere

L'ouverture du Festival de la Médina de Tunis se voulait nostalgique, avec une pointe de gaieté. C'est fait avec Dorsaf Hamdani, dans un répertoire oriental qui lui va comme un gant.

Par Anouar Hnaïne

Mercredi 2 juillet, départ de la 32e session du Festival de la Médina de Tunis. L'honneur de l'ouverture revient à Dorsaf Hamdani, qui bénéficie d'une assez bonne réputation auprès du public. Son aplomb, ses envolées lyriques, son souci du détail, sa régularité l'élèvent au rang des interprètes majeurs qui méritent d'être réinvité à inaugurer ce festival. C'est chose faite.

Ce soir, elle a fait un choix particulier: la chanson orientale. Un champ vaste, mélodique à souhait et surtout connu et apprécié par différents publics.

Il n'y a pas foule des grands jours; l'espace orchestre du théâtre est plein, pas davantage, loges et balcons vides; le rythme nocturne n'a apparemment pas pris sa vitesse de croisière. Un défaut récurrent, irritant, le retard, annoncée à 22h, le spectacle n'a commencé, que trois quarts d'heure plus tard après les incessants applaudissements du public.

L'orchestre dirigé par Mohamed Lassoued est au complet, 6 violons, violoncelle, contrebasse, flûte, qanûn, percussions... Dorsaf, en blanc, entre, précédée de l'orchestre, sans annonce, elle entame, sans le prologue, en plein dans le cœur, «Hadith Errouh» (conversation de l'âme), morceau sobre, fin, d'Om Khalthoum, paroles de Mohamed Ikbal, composition de Riadh Sombati, un monument de la chanson arabe.

Le ton est donné, la chanteuse a choisi de s'asseoir au pied des statues de la chanson arabe, au cœur du «tarab charqi» (bel cantooriental). Ce n'est pas la première fois que Dorsaf ouvre le Festival de la Medina. Exécution juste, voix chaude. Le public, apparemment acquis, réagit au quart de tour. Assez timidement.

Vœux de bonne soirée. La chanteuse annonce le programme : en gros, ça sera du Farid Latrach, Mohamed Abdelwahab, Najet Essaghira... les icones de la chanson arabe. On applaudit.

Suit «Sakin fi albi» de Najet Essaghira, chanson très connue, quelques pas mesurés enfin, il faut dire à son désavantage, Dorsaf ne bouge pas beaucoup sur scène. Lamentos, gestes à peine esquissés. Le public connait évidemment toutes les strophes, il écoute, attentionné. Elle chante, complainte sur complainte, sa voix a de la pâte, des aigus assumés jusqu'au bout, beaux phrasés et applaudissements. Elle pousse au contact, prend le risque, invite le public à participer, péché de beaucoup de chanteurs. Lui, comme convenu, il n'en demandait pas tant.

Dorsaf-Hamdani-Festival-Medina-2014

Mohamed Abdelwahab, «Bit el-iiz ya bitna», légèreté dans l'air, elle pousse la chansonnette, quelques fantaisies, appels du pied, «Tounès bit el-iiz» (Tunisie, foyer de la dignité), ça accroche, à tous les coups, le public pousse inévitablement des bravos...

La chanteuse butine de fleur en fleur, saute allègrement, d'un chanteur à l'autre, assume son choix. Warda au menu, une chanson qui a bercé son enfance, elle se comporte familièrement avec le public, la chanson évoque des souvenirs avec sa sœur (Meriouma comme elle dit), sa famille qu'elle salue. «Dal ômri kollo», elle y a va avec des trémolos, elle allonge les phrasés, s'y complait, se tourne vers Lassoued, reprend les refrains, long, langoureux, long...

Il est passé minuit, le public répond par des ovations. Le choix est assumé, pas de grands bruits, ni coup de tonnerre, l'ouverture se voulait nostalgique, avec une pointe de gaieté, c'est fait, ce qui ne donne pas une ouverture éclatante.

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